L'appel lancé sur la toile par des artistes peintres, des plasticiens, des sculpteurs et des designers algériens sur Internent pour exhorter les pouvoirs publics à réaménager les abattoirs d'Alger en galeries d'art a déjà suscité une vague d'adhésion parmi le monde artistique. Des hommes de culture sont unanimes à saluer cette initiative qui vise, selon eux, la promotion des artistes et, partant, de l'art et de la culture. Djahida Houadef, artiste plasticien qui affirme avoir initié ce projet avec d'autres artistes depuis quelques mois, estime que lancer un appel via Internet est une chose virtuelle. « Il faut travailler sur un projet pour pouvoir le proposer à qui de droit », a-t-elle estimé. Dans ce cadre, et sans plus de détails pour, soutient-elle, « protéger notre initiative », l'artiste dira qu'elle soumettra, le moment venu, ses propositions au gouvernement. « Je ne veux pas anticiper, mais une fois que nos propositions auront été consignées dans une sorte de mémorandum, nous organiserons une conférence de presse pour rendre public notre projet », a-t-elle indiqué. Mustapha Chergane, artiste peintre, qualifie cette initiative d'« originale » et souhaite vivement sa concrétisation, parce qu'une fois réalisée elle permettra aux artistes d'exposer leurs œuvres et contribuera à la protection et à la promotion de la culture. « Si les autorités concernées accédaient au vœu des artistes et aménageaient ces lieux en galeries d'art, cela serait un véritable acquis et un joli cadeau à offrir aux producteurs du beau et du sens. Ce projet est d'autant plus réalisable, qu'à l'étranger, des expériences similaires ont été couronnées de succès », a-t-il expliqué. Abdelkader Bendamèche, qui s'exprime en tant qu'artiste, émet le même vœu. « En tant qu'artiste, je voudrais que ces lieux soient érigés en un espace consacré exclusivement à l'art et à la culture. C'est mon souhait depuis longtemps. Il faut que la capitale, qui est elle-même un espace culturel en raison de son histoire, respire la culture. Je suis totalement d'accord que cet endroit soit érigé en un espace d'art », dit-il. Mustapha Adane, plasticien du mouvement Aouchem et signataire de l'appel, affirme que le projet de faire des abattoirs un espace d'art a été ficelé depuis des années mais, dit-il, « il faut se battre contre ce déni de culture ». Le réaménagement des abattoirs en galeries d'art ne fera que favoriser la création artistique et, partant, la culture. Un lieu qui favorisera la création artistique Le plasticien souligne, en outre, que « cela fait quarante ans que l'on se bat pour la protection de notre patrimoine. Bordj Boulila, symbole de la résistance algérienne en 1830, décrété monument historique en 1930, est inaccessible depuis 1962. Même chose pour l'Amirauté et d'autres monuments ». Il regrette aussi le fait de décréter monument historique les Galeries algériennes. Et d'ajouter : « Les artistes, vieux ou jeunes, ne demandent qu'une chose, s'exprimer. Mais ils n'ont pas d'espace pour le faire. L'opportunité des abattoirs, aujourd'hui, ils la saisissent, mais à qui s'adresser ? « Les lieux culturels libres n'existent pas », enchaîne-t-il. En outre, les revendications d'un groupe de plasticiens sont clairement consignées dans le manifeste des plasticiens de « Aouchem », un mouvement qui pense que le rayonnement des arts visuels est compromis en raison du manque de galeries. Les espaces appropriés gérés par les pouvoirs publics font l'objet de chicaneries administratives blessantes par les gardiens du temple qui imposent leur propre sélection. La création d'un musée d'art contemporain est louable en soi, mais en faire un bastion pour un certain style de peinture ne servira pas l'art pictural. Un groupe d'artistes a lancé un appel via Internet dans lequel il exhorte les pouvoirs publics à réaménager les abattoirs d'Alger en un espace dédié à l'art et à la culture. « Les abattoirs d'Alger, en voie de cession d'activité, peuvent convenir à une réhabilitation du type culturel pour accueillir des activités artistiques et festives pluridisciplinaires, un nouveau lieu dédié à nous, artistes de différentes disciplines des arts plastiques et visuels, qui sommes restés sans structure, sans statut et sans financement public », est-il écrit dans l'appel. Les artistes plasticiens souhaitent aussi la dotation de la capitale d'une structure vivante dédiée à l'art pour implanter des activités culturelles avec comme objectif de relancer l'activité des métiers liés aux arts visuels, favoriser la rencontre multidisciplinaire de toutes les formes d'expression, créer des ateliers d'artistes pour toutes les disciplines : céramistes, designers, graveurs, décorateurs, peintres, sculpteurs, musiciens, danseurs et photographes. Ils demandent également la création d'ateliers de production d'artisanat d'art, des salles de conférences, la mise en place des ateliers expérimentaux, de recherche numérique et vidéos, encourager les arts de la scène, les arts lyriques, la musique et la danse, aménager des espaces pour l'apprentissage artistique des enfants, mettre en place des espaces multidisciplinaires de monstration, acquérir des œuvres d'art pour constituer un fonds d'art destiné à alimenter la galerie nationale et le prêt à destination des institutions publiques.