La « défaite », unanimement reconnue des groupes terroristes, notamment ceux affiliés à al Qaïda, qui y régnaient en maîtres, a débouché sur un autre souci pour les autorités maliennes : la situation et l'avenir du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) qui contrôle à ce jour la région du Kidal. Après un court apaisement qui a suivi la « libération » du Nord, les relations entre le mouvement rebelle et Bamako se sont, de nouveau, détériorées ces derniers jours, au point d'en arriver aux armes. Vendredi dernier, des soldats maliens s'étaient accrochés près de la ville de Ménaka (nord-est du Mali) avec des « bandits armés », faisant trois morts et quatre blessés parmi ces derniers, selon le communiqué du ministère malien de la Défense. Un véhicule, deux motos, des armes, des munitions et du matériel de communication y ont été saisis par les forces maliennes. « La patrouille avait pour mission de sécuriser le marché hebdomadaire de ladite localité où les activités des populations étaient perturbées depuis un certain temps par des bandits » que certaines sources militaires ont désignés comme éléments du MNLA. Une mise en cause rejetée par la rébellion touareg qui, à son tour, a accusé l'armée malienne d'avoir « exécuté » trois civils. « Une colonne de l'armée malienne a procédé à l'arrestation, la séquestration puis l'exécution de plusieurs civils dans la zone de Ménaka, à Ghezraghen », soutient le communiqué du MNLA. Les rebelles ont même publié une liste de six individus, dont trois avaient été « arrêtés » et « exécutés » par l'armée et trois autres « torturés et grièvement blessés ». Cette nouvelle crispation entre le gouvernement malien et le MNLA intervient dans un climat tendu, marqué par l'enlèvement, suivi de l'assassinat, de deux journalistes français à Kidal, fief du MNLA, qui y dispose toujours d'hommes armés. La reprise des combats entre l'armée malienne, appuyée par les soldats de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), a remis sur la table des débats la question de la sécurité à Kidal qui échappe au contrôle de Bamako. Lundi dernier, le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a pointé du doigt le mal. « Dans cette ville, nos forces de sécurité sont confinées, l'arme au pied. Kidal échappe aujourd'hui à notre contrôle. Il faut que la souveraineté du Mali sur Kidal soit une réalité (...) », a-t-il martelé. Soucieux de redorer le blason de son armée, le président Keïta a dissous, vendredi dernier, le comité chargé de réformer l'armée malienne, qui a été dirigé par Amadou Sanogo, le chef des auteurs du putsch du 22 mars 2012. Le MNLA estime que Kidal n'est « plus contrôlée par ses forces depuis le mois de juillet dernier ». « Nous aussi, comme l'armée malienne, sommes cantonnés à un périmètre bien précis que nous ne pouvons dépasser », a assuré son porte-parole. Soumis à d'intenses pressions, le Mouvement a annoncé son intention de libérer le gouvernorat et les locaux de la radiotélévision nationale, le 14 novembre, en présence des responsables de la Minusma. Ces développements risquent de compliquer la tenue de discussions de paix entre les autorités maliennes, le MNLA et un autre groupe armé basé au Nord, discussions prévues par un accord intérimaire qu'ils ont signé en juin dernier à Ouagadougou.