Plus de 804 tonnes de blé tendre ont été saisies par les services de la Gendarmerie nationale durant les dix derniers mois de l'année en cours. Ces quantités devaient être vendues sur le marché noir ou exportées frauduleusement vers le Maroc et le Niger. Les gendarmes ont enregistré cette année une forte recrudescence de la vente illicite de blé. Un produit stratégique soutenu par l'Etat. Selon un rapport de la Gendarmerie nationale, les réseaux de trafic de carburant et de drogue à l'ouest du pays ont versé dans le commerce illégal de blé suite au renforcement du dispositif de lutte contre les « hallabas » et les narcotrafiquants et à la situation sociale dégradée au Maroc. De ce fait, les réseaux de trafic de drogue procèdent au troc de blé contre des sacs de kif traité. Dans la wilaya de Tlemcen, les douaniers ont saisi près de 15 tonnes de blé tendre à bord d'un camion portant une fausse immatriculation sur la RN 22 menant aux frontières. Aux frontières sud, les mêmes services ont déjoué l'exportation de 15 tonnes de farine vers le Niger. Dans le même sillage, les services douaniers de la daïra d'In-Guezzam ont déjoué une tentative d'acheminement de 15 quintaux de farine chargés à bord d'une voiture de marque Toyota Station à destination du Niger. Pour faire face à ce genre de délit considéré comme un crime économique, un plan d'action a été mis en œuvre. Il consiste en premier lieu au renforcement du contrôle routier qui a permis de contrecarrer une dizaine de tentatives de détournement de quantités importantes, notamment de blé tendre, d'orge, de farine, d'aliments pour bétail et autres produits destinés à la transformation. Les céréales sont aussi généralement cédées sans facture dans les régions du sud du pays. Les contrebandiers s'apprêtaient à la revendre à 3.800 DA le quintal au lieu de 1.200 DA. Les enquêteurs ont précisé, dans leur rapport, que le manque de fourrage dans les régions du sud a poussé des spéculateurs du nord du pays à recourir à la contrebande de blé dur et tendre vers des régions connues pour l'élevage de bétail. Les investigations de la GN font ressortir que les trafiquants, généralement membres de réseaux criminels spécialisés dans la contrebande et le trafic transnational, recourent aux fausses factures, aux fausses déclarations fiscales et aux faux documents d'acheminement pour échapper aux contrôles. Les enquêteurs ont fait également part de l'émergence de pratiques spéculatives touchant certaines denrées comme la farine que des commerçants revendent au double de son prix. M'Sila, plaque tournante du trafic Selon le rapport de la GN, la wilaya de M'Sila vient en tête des régions touchées par ce crime économique. Pas moins de 426,3 tonnes de blé tendre et 18,2 de tonnes d'orge y ont été saisies au cours des 9 premiers mois de l'année en cours dans le cadre du traitement de 56 affaires de détournement de produits stratégiques. Pas moins de 216,7 tonnes de son, 18,2 tonnes de maïs et 11,5 tonnes d'aliments de volaille y ont également été saisies dans le cadre des mêmes affaires. Face à cette situation, le chef du groupement territorial de la GN de M'Sila, le colonel Mohamed Boussaïd, a convoqué une réunion extraordinaire du comité de sécurité de la wilaya « pour prendre des mesures d'urgence afin de mettre fin à ces pratiques ». Selon le patron de la GN de M'Sila, la sécheresse a poussé les éleveurs à utiliser du blé tendre et du maïs comme aliment de bétail. Ces éleveurs s'approvisionnent auprès des commerçants qui activent illicitement et détournent ces produits stratégiques, soutenus par l'Etat, pour les revendre à plus de 4.000 DA le quintal, soit plus du triple de leurs prix. D'autres wilayas n'échappent pas non plus à ce phénomène. Les gendarmes de Mila, à l'est du pays, ont mis en échec une tentative de détournement de blé d'une valeur estimée à 3,8 millions DA, entre le 1er et le 20 septembre dernier. Des quantités importantes de blé tendre et de farine ont été également saisies durant cette période dans les wilayas d'Oran, Aïn Témouchent, Oum El Bouaghi et Tiaret.