« La participation de Debbih Chérif à la grève des huit jours. » C'est le thème au programme, hier, du forum du quotidien d'El Moudjahid en collaboration avec l'association Machaâl Chahid. Des moudjahidine, compagnons de guerre de Debbih Chérif, dont Zohra Drif Bitat, Ibrahim Chergui, El Hachemi Larabi et la sœur de ce grand militant de la cause algérienne, ont témoigné de la bravoure, de la discrétion et surtout de la sagesse politique du chahid. L'historien Ameur Rekhila est revenu longuement sur les raisons ayant présidé à l'organisation de la grève et les répercussions internes et externes de cet évènement. Le FLN voulait par cette manifestation lancer un défi à la France coloniale pour dire que la guerre de Libération nationale est l'affaire de tout le peuple et non d'un groupuscule d'individus, comme elle le prétendait à travers sa propagande et sa guerre psychologique menée pour isoler le FLN du peuple. « La grève a regroupé toutes les catégories professionnelles, dans les ports, les marchés, les écoles, les administrations y compris parmi les travailleurs émigrés en France, c'était la paralysie totale », a indiqué le conférencier. Et toutes les tentatives de briser la grève ont échoué. Pour Zohra Drif Bitat, « Si Mourad avait des capacités d'analyse politique et est devenu, après la mort de Taleb Abderrahmane, le responsable du laboratoire de fabrication des bombes à La Casbah chez Djamila Bouhired ». La grève générale des commerçants allait tourner une page de l'histoire en internationalisant la question algérienne. Et c'est là, l'une des répercussions de ce mouvement. Le 28 janvier 1957, la question algérienne était à l'ordre du jour de l'assemblée générale de l'ONU. Le FLN est reconnu alors représentant officiel du peuple algérien. Politiquement, l'Algérie avait gagné. Ce fut un grand pas vers le recouvrement de la liberté. Mais le préjudice matériel et organisationnel était énorme. Cette grève avait dévoilé les caches des « fidayines », notamment à La Casbah d'Alger où Larbi Ben M'hidi fut arrêté le 23 février 1957 puis exécuté le 3 mars de la même année. L'arsenal militaire du général Massu a fait le reste pour les autres fidayines avec la découverte du refuge d'Amar Ali (Ali La Pointe), Amar Yacef et Hassiba Ben Bouali. A l'époque, 23.000 personnes ont été arrêtées et 4.000 portées disparues. Debbih Chérif avait choisi de mourir en héros et surtout d'emporter une armada de la soldatesque française en exigeant la présence du général Bigeard. Sa sœur dit de lui qu'« il était peu bavard, discret, il était corps et âme avec la Révolution. Djamila C.