De « nouvelles mesures » ont été annoncées par Pékin qui a décidé de procéder à l'évacuation de plus de 3.000 de ses ressortissants au Vietnam, dont 16 « grièvement blessés » et à l'envoi de 5 navires pour assurer le rapatriement de tous les autres. Un navire et un avion sont également prévus pour évacuer les employés de « China 19th Metallurgical Corporation » endommagé par les émeutiers. La riposte chinoise traduit le malaise généré par la contestation violente du déploiement d'une plateforme pétrolière effectué par la Chine, début mai, en mer de Chine méridionale, dans les eaux disputées des îles Paracels poissonneuses et riches en hydrocarbures. Au même titre que l'île des Spratleys, le différend des Paracels, revendiquées par les deux pays et contrôlées depuis 1974 par la Chine, a mis le feu aux poudres. Après une semaine d'émeutes, étendues à 22 des 63 provinces et ciblant les installations chinoises où des usines détenues par des capitaux taïwanais, japonais, sud-coréens et singapouriens, le bilan est lourd : 2 ressortissants chinois morts, 140 blessés et 300 arrestations, un afflux massif chinois vers Ho Chi Minh et la frontière avec le Cambodge, plus de 500 usines taïwanaises saccagées et 1.100 autres contraintes à fermer, des pertes estimées à des milliards de dollars dans les parcs industriels des entreprises étrangères... La coupe déborde. Jusqu'à hier, la rue ne décolère pas. A l'appel d'une vingtaine d'organisations, de nouveaux rassemblements, avortés dans l'œuf, poussent au pourrissement. Accusé de « connivence », Hanoï tente de sauver la mise pour préserver le climat d'affaires nécessaire aux investissements étrangers. Désormais, le retour à une « plus grande fermeté » est préconisé par les autorités pour faire face aux « manifestations illégales susceptibles de troubler l'ordre et la sécurité publics », a averti, samedi dernier, le Premier ministre vietnamien, Nguyen Tan Dung. Des centaines de policiers ont réprimé les contestataires empêchés de se rapprocher de l'ambassade de Chine. Le ton est à l'apaisement. Le ministre des Affaires étrangères, Dang Minh Khoi, jugeant que ces « actes regrettables ne se reproduiraient plus », a lancé un appel aux investisseurs pour poursuivre leur activité économique nécessaire au développement national conditionné par les impératifs de stabilité remis en cause par la flambée de violence. Deux indications importantes : le poids de la production industrielle des entreprises étrangères représentant 46% de la production industrielle globale, en 2012, la place centrale de Taïwan (4e source de l'investissement direct étranger, soit 28,5 milliards de dollars depuis 1988) et Hong Kong (6e) présente en force dans le textile et l'habillement. Le revirement explique le choix de Hanoï de mettre en sourdine le litige territorial pour ne pas mettre en péril ses intérêts économiques avec son puissant voisin et son environnement régional immédiat.