Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qui a réuni, hier, à Dar El Imam, à Alger, les directeurs des 48 wilayas du pays, a donné des orientations à ses cadres locaux pour mieux préparer le ramadhan, dans et en dehors de la mosquée. Il a insisté sur l'intensification des actions de proximité et de solidarité, et pour « faire revivre les traditions ancestrales et la religion de nos illustres savants ». Il a également appelé à gagner les autres espaces que sont les maisons de jeunes et les centres culturels islamiques qui doivent rester ouverts en ce mois de ramadhan et donner un contenu « spirituel » aux autres manifestations qui doivent respecter les traditions et « ne doivent pas écorcher nos valeurs ».« Il faut, dit-il, se départir de la gestion bureaucratique de la mosquée et de certains clichés qui nous présentent deux islams, l'un officiel et l'autre populaire ». Pour le ministre, il y a « un seul islam, celui qui nous enseigne ce qu'a dit Dieu et son Prophète », mais certains veulent en faire « un islam mercantile, non religieux, politique et même sécessionniste ». Le ministère, qui a appelé à se « réconcilier avec sa religion », envisage, dès ce ramadhan, le lancement d'un portail électronique où le citoyen peut avoir accès à toute sorte d'informations sur sa religion et des avis sur tel ou tel sujet. Le ministre a demandé, d'abord, une évaluation critique du programme de 2013 en soulevant quelques carences telle la non- programmation de femmes (à la télé) pour l'animation des causeries religieuses, alors que « nous disposons de docteurs et de mourchidate compétentes », selon lui. Attention aux « pratiques déviantes ! » Pour Mohamed Aïssa, l'islam « n'est pas une idéologie mais une pratique » et l'Algérie n'a pas plus peur d'idées importées que « des pratiques déviantes » y compris dans notre propre rite malékite, des pratiques qui veulent « déchirer le tissu social dans certaines de nos régions ». Il a appelé à corriger certaines erreurs et certains clichés sur le rite ibadite, y compris dans les manuels de l'éducation. Le ministère de l'Enseignement devra, lui, « introduire ce dernier dans l'étude des rites comparés », explique-t-il. Il faut rappeler que le ministère a décidé, en hommage à ce courant de l'islam et à cette partie de la nation, l'organisation de la réunion de ses conseils scientifiques, les 18 et 19 juin, à Ghardaïa même, et ce pour « mieux écouter leurs doléances », selon Mohamed Aïssa qui a ajouté que parmi les sujets à l'ordre du jour figurent la question du crédit octroyé du Fonds de la zakat, du coronavirus, de la responsabilité pénale des accidents de la route, de la pratique de l'abattage et l'étourdissement qui a été source de grande polémique ces derniers mois...Il faut noter la décision du ministère des Affaires religieuses de « revoir le fonctionnement du Fonds de la zakat et des biens wakfs », ce dernier sera « le seul habilité à financer les projets d'investissement », précise-t-on. Lors d'une conférence de presse, le ministre a été interpellé sur les retards accusés par le projet de la Grande Mosquée d'Alger. Il a affirmé qu'il ne sera « nullement question de laisser tomber quelques structures » comme celle destinée à la formation. Le projet sera livré dans les délais avec tout au plus « six à sept mois » supplémentaires. Des discussions avec la société chinoise ont permis d'entrevoir des solutions telles que « la mobilisation des équipes pour le travail de nuit ou de confier certaines parties à des partenaires. » Selon le ministre, le projet de révision de la Constitution, qui est au stade des consultations, va, pour sa part, introduire « une nouvelle vision sur le fonctionnement des associations » et donc sur l'exercice du culte. Le texte d'orientation qui en découlera devra garantir, ainsi, que cette liberté « ne soit pas détournée » et « utilisée à d'autres fins ». Toujours dans le domaine du culte, le ministère a décidé de lancer une formation supérieure pour les imams. Elle sera sous la double tutelle des ministères des Affaires religieuses et de l'Enseignement supérieur.