La chamelle de Sidi Aïssa Ben Mohamed avait été volée. Le célèbre marabout vint trouver les habitants de Demmed (localité située près de Messaâd dans la wilaya de Djelfa) et les pria de la lui rendre. Sur leur refus, il les menaça de toute la colère divine. Alors, un homme, dont l'opinion pleine de sagesse état toujours écoutée avec déférence, dit à ses compagnons : « Cet homme entend nous forcer à respecter ses droits de Ouali, c'est bien fort. La source, qui jette ses eaux dans notre enceinte, commence à diminuer. Posons donc pour condition au marabout d'augmenter le débit de la fontaine en contrepartie, on lui rendra sa chamelle, dans le cas contraire nous l'égorgeons et nous le tuerons comme un imposteur. On applaudit à cet avis, et Sidi Aïssa se rendit sur la montagne. D'une main, il souleva un énorme rocher qui fut au loin jeté par un puissant jet d'eau claire et limpide. Dans leur joie, les habitants oublièrent leur promesse, ils tuèrent la chamelle et s'en partagèrent la dépouille. Le marabout, furieux de ce manque de loyauté, invoqua le ciel et dès l'instant la pierre énorme revint se poser sur la source qu'elle ferma si hermétiquement que depuis ce jour une seule perle d'eau n'en put sortir. Les gens du Ksar voulurent lapider le marabout ; mais, traçant un cercle magique autour de lui, aucune de leurs pierres n'atteignit Sidi-Aïssa. Alors le marabout jeta l'anathème sur les habitants de Demmel. « Malheur à vous, familles de Demmel, malheur à vous ! vous m'avez méconnu, ma vengeance est loin d'être entière, elle s'avance du côté du couchant, votre nid d'aigle sera violé et détruit ». Et le marabout Sidi Aïssa Ben Mohamed disparut. La prédiction du Ouali s'accomplit à la lettre. On dit que le Bey d'Oran se chargea, après, de détruire le Ksar et d'en égorger ou chasser les habitants. Medjahdi Mohamed Source : D'après les écrits de M. Arnaud 1862