Le président ukrainien, Petro Porochenko, met fin à l'inefficace cessez-le-feu dans l'est du pays, une région habitée par quelque sept millions de russophones. Vingt-sept soldats ont été tués par les séparatistes prorusses et 69 autres ont été blessés pendant la trêve. Porochenko, qui affirme n'avoir vu venir de Moscou « aucun signe concret d'une désescalade, pas même un renforcement des contrôles à la frontière », a ordonné une « massive offensive d'artillerie et d'aviation » sur les positions des rebelles prorusses. Notamment dans a région de Lougansk où Arsen Avakov, son ministre de l'Intérieur, souhaite ouvrir dès aujourd'hui un « couloir humanitaire » pour permettre l'évacuation des civils des zones de combats. L'Union européenne dit comprendre la décision de Porochenko. Les Etats-Unis, qui auraient envoyé des conseillers en Ukraine pour élaborer une ligne stratégique, rappellent qu'« il faut être deux pour observer un cessez-le-feu ». Même s'ils enrobent ce soutien d'un appel aux deux parties au conflit à mettre un terme aux violences. Vladimir Poutine regrette cet arrêt du cessez-le-feu et accuse Porochenko de torpiller le processus de paix. Tout en affirmant que Kiev porte l'entière responsabilité de la situation actuelle, « d'un point de vue militaire et politique », et lui demandant de « ne plus bombarder villes et villages », il met en garde les Européens contre une déstabilisation de toute la région. Le président russe, qui voit dans l'affaire ukrainienne une volonté de l'Occident d'avancer vers la Russie, demande aux Occidentaux « de cesser d'utiliser l'Ukraine comme monnaie d'échange dans les jeux géopolitiques ». Selon lui, s'il n'avait pas défendu les intérêts géopolitiques de son pays dans la crise ukrainienne, l'Otan serait installée aujourd'hui à Sébastopol, le port de Crimée où est basée historiquement la flotte russe. « Dorénavant, annonce-t-il, son pays entretiendra des relations sur un pied d'égalité avec les Européens et les Occidentaux ». A Berlin, les chefs de la diplomatie allemande, française, russe et ukrainienne se sont retrouvés hier pour chercher une solution négociée. Un éventuel cessez-le-feu, la reprise des négociations entre Kiev et les insurgés, le rôle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont été au cœur des discussions.