Après avoir « achevé » la mouvance des Frères musulmans, considérée comme « organisation terroriste » par la justice, laquelle a officiellement dissout, samedi, le Parti liberté et justice, et « fort » de son rôle de médiateur dans l'agression israélienne sur Ghaza, le président égyptien, Abdelfattah al Sissi, cherche à replacer son pays sur l'échiquier international. C'est dans ce cadre que s'inscrit sa première visite d'Etat, depuis dimanche, chez son allié saoudien. Les deux hommes s'étaient déjà rencontrés le 20 juin à l'aéroport du Caire lors de la première visite officielle du roi saoudien après la chute de Moubarak. Riyad avait promis alors une aide de 5 milliards de dollars sur un total de 12 milliards promis conjointement avec les Emirats arabes unis et le Koweït. Soucieux de gagner des points dans la foulée du grand déballage géopolitique qui secoue le monde arabe et à faire pièce en même temps à leurs redoutables concurrents, Iraniens, Turcs ou encore Qataris en quête de nouvelles zones d'influence, le roi Abdallah et le président égyptien entendent peser de tout leur poids, surtout politique, dans l'espoir de « régler » les crises et les guerres qui déchirent la région. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a été on ne peut plus clair en faisant savoir, en marge de la rencontre, que les deux dirigeants ont évoqué, durant leur entretien, les conflits en Syrie, en Irak, à Ghaza et la situation en Libye. Al Fayçal dit espérer, selon l'agence officielle saoudienne SPA, que « la rencontre puisse aider à régler les problèmes du monde arabe », notamment « les difficultés des peuples palestinien et syrien, la discorde en Irak et les divergences entre les Libyens ». Sur Ghaza justement, Riyad compte sur la collaboration égyptienne pour tenter d'influer sur le cours du conflit. Dans un discours prononcé le 1er août dernier, le roi Abdallah avait fustigé le silence « inexcusable » du monde sur les « crimes de guerre » commis par Israël dans l'enclave palestinienne. « Les efforts pour mettre fin à l'agression contre les Palestiniens avaient été évoqués par les deux dirigeants, ainsi que le sujet des relations bilatérales », résume le compte rendu de l'agence saoudienne. Après l'Arabie saoudite, Sissi doit se rendre aujourd'hui et pour la première fois en tant que Président en Russie. Pays qu'il a déjà visité en février alors qu'il était chef de l'armée et négociait un contrat d'armement. Les relations entre les deux pays se sont nettement améliorées ces derniers temps, après un coup de froid dans les relations égypto-américaines, entraînant un gel de l'aide annuelle US à l'Egypte à la suite de la répression des Frères musulmans. Le président égyptien avait alors reçu le soutien du président russe Vladimir Poutine comme candidat à la présidence. Un soutien de taille qui exprime la volonté du Raïs égyptien de s'affranchir un tant soit peu de l'Amérique. Y parviendra-t-il ?