C'est au tour des transformateurs et autres collecteurs d'affirmer que la consommation du lait de vache, même malade, représente zéro risque sur la santé. Reste que la production laitière a fortement baissé dans les wilayas touchées par cette épidémie. Selon Hakim Betouche, gérant de la laiterie Betouche, toutes les mesures ont été prises pour sécuriser le produit. « A l'usine, nous procédons à une double pasteurisation, le lait est chauffé à 90° C pendant trois minutes au lieu de 80° C. Aucun virus ne peut résister à cette température. Cette manière de faire nous permet d'écarter toute mauvaise surprise et d'assurer une meilleure purification du lait », précise-t-il. Chose que confirme d'ailleurs le président du Comité régional interprofessionnel du lait (Cril), Abdallah Abed. « Le lait collecté ne représente aucun risque pour la santé des citoyens puisqu'il est aseptisé à 80° C », relève-t-il. Mais une question se pose : ce traitement particulier diminuera-t-il de la valeur nutritive du produit ? « Pas du tout. Le lait conservera les mêmes qualités nutritives. Elles seront toujours intactes. Les citoyens n'ont rien à craindre sur cette question », affirme Betouche. Mais si la qualité du lait n'inquiète pas les industriels de la filière, son volume de production est devenu un vrai casse-tête. « Depuis l'apparition du virus, les quantités de lait collectées au niveau de notre unité de transformation ont été réduites de presque de moitié », reconnaît son gérant. Celles-ci sont passées de 30.000 à 17.000 litres par jour. « Si la maladie n'est pas maîtrisée dans les prochains jours, nous n'écartons pas une chute à zéro de la production laitière », craint Betouche. Une éventualité que le président du Cril, lui-même éleveur, n'écarte pas non plus. « Si la fièvre aphteuse continue de sévir, il est certain que la production chutera », avertit-il. Raison pour laquelle il a affirmé qu'il est urgent de prendre en charge « de la manière la plus sérieuse » cette maladie qui risque de décimer le cheptel. Se pose alors une autre question : l'impact d'un tel scénario sur les prix du lait cru et ses dérivés. Selon le président du Cril, les yaourts et autres fromages risquent d'augmenter. En attendant, il précise qu'actuellement, la production laitière est différente d'une région à l'autre, selon la propagation de virus. A titre d'exemple, il signale qu'au niveau de la région de Blida, la production du lait de vache n'a pas baissé. Il convient de noter que le ministère de l'Agriculture, dans l'objectif de booster la production du lait cru, a mis en place depuis 2011, un plan d'action consistant en la réhabilitation des infrastructures d'élevage ainsi que l'encouragement des relations contractuelles entre les éleveurs, les centres de collecte et les laiteries. Pour ce qui est des mesures d'incitation à l'intégration, il est prévu que toute laiterie qui intègre du lait cru à raison de plus de 50% de ses capacités de production verra sa prime d'intégration passer à 5 DA par litre, intégrée à tous les types de lait de consommation. Toute laiterie qui utilise toutes ses capacités pour la production du lait pasteurisé conditionné au prix soutenu de 25 DA avec du lait cru verra sa prime d'intégration passer à 7,50 DA par litre.