Le sujet de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est un long feuilleton. On en parle depuis 1987, date à laquelle l'Algérie a déposé son dossier d'adhésion. A l'époque, l'organisation se dénommait le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), en français, Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (AGETAC). L'accord, qui avait pour but d'instaurer le commerce du libre-échange, a été signé le 30 octobre 1947 par 23 pays. L'un des derniers cycles de négociations qui s'est déroulé en Uruguay de 1986 à 1994 a abouti au changement d'appellation qui deviendra OMC. L'Organisation compte aujourd'hui 160 membres. Et concentre 97% du commerce mondial. La liberté d'échanges que l'adhésion à cet accord multilatéral implique rencontre des appréhensions chez les parties où l'économie n'est pas suffisamment outillée pour résister à la concurrence des produits venus d'ailleurs, des pays signataires. D'où le passage par des négociations parfois très longues et fastidieuses. Apparemment, c'est le cas de notre pays qui a mené à ce jour 12 rounds de négociations et répondu à quelque 1.930 questions se rapportant à divers aspects de son système économique. Lors de sa prise de fonction, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a affirmé que l'une de ses priorités à la tête de ce département était l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Il aura essuyé aussitôt après les foudres de l'UGTA et du Parti des travailleurs. Les adversaires de cette adhésion fondent leur argumentaire sur la défense de l'économie nationale contre les coups de boutoir de l'économie mondiale. Le ministre est revenu à la charge, hier, pour rassurer. Et convaincre les récalcitrants, récusant les prédictions alarmistes sur l'impact de cette adhésion sur le tissu productif national. Il a assuré que l'économie nationale ne s'effondrerait pas avec l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Mais au contraire, cela permettrait au pays de mieux défendre ses intérêts économiques dans l'arène internationale. « Pourquoi cette peur d'aller vers l'OMC ? », s'est-il interrogé lors de la conférence de presse animée en marge d'une évaluation du secteur du commerce. « La vision du gouvernement est claire : nous n'allons ni brader ni bazarder l'économie nationale, bien au contraire, c'est en allant vers l'OMC que nous défendrons au mieux nos intérêts économiques », a-t-il argué. Pour le ministre, le challenge est que l'adhésion concourra à rendre possible une mise à niveau générale de l'économie algérienne et tendra à instaurer une plus grande transparence dans les transactions commerciales internationales. Il compte sur la compétence des experts algériens pour défendre au mieux les intérêts de l'Algérie dans le processus de négociations devant mener à l'adhésion. C'est la règle pour tout nouvel adhérent. « Faites confiance aux experts et au gouvernement qui sont en train de négocier l'accession du pays à l'Organisation mondiale du commerce », s'est exclamé Benyounès qui note que l'Algérie est le dernier grand pays à ne pas faire partie de cet ensemble multilatéral. Cela suffit-il à dissiper les craintes et à tempérer la position du front du refus ? C'est le moins qu'il puisse attendre à la veille de la visite à Alger, prévue pour fin octobre prochain, du cinquième président du groupe du travail chargé de l'accession de l'Algérie à cette Organisation, l'Argentin Alberto D'Alotto.