Au moins seize personnes ont été tuées hier dans des affrontements entre membres de tribus sunnites et rebelles chiites à Ibb, dans le sud-ouest du Yémen. Les membres de tribus ont lancé une roquette sur le véhicule de rebelles qui tentaient de prendre d'assaut la résidence d'un dirigeant de la province d'Ibb, et ont tué les 12 combattants à bord, selon ces sources, et 4 membres de tribus sont morts en tentant de repousser cet assaut. La veille, 12 rebelles chiites, dits houthis, et 8 membres de tribus ont été tués dans ces combats pour le contrôle de cette ville majoritairement sunnite prise par les rebelles la semaine dernière. Dans un communiqué rendu public, le gouverneur de la province d'Ibb a appelé « les groupes armés à quitter la province » où les autorités « prendront les mesures nécessaires pour restaurer la sécurité ». Les rebelles houthis n'ont toutefois rencontré jusque-là qu'une faible résistance des forces armées. Après la capitale Sanaa il y a près d'un mois, ils ont pris le contrôle mardi du port stratégique de Hodeida, sur la mer Rouge et ont depuis progressé vers le centre du pays, notamment Dhamar et Ibb. Ils se sont par ailleurs emparés, vendredi dernier, de Radah, dans la province centrale de Baïda, déployant leurs blindés dans cette ville mixte, sunnite et chiite, après des affrontements contre des combattants extrémistes liés à al-Qaïda. Les heurts à Radah qui durent depuis mardi, avaient fait des « dizaines » de victimes dans la nuit de jeudi à vendredi, selon des sources tribales et de sécurité. Le réseau extrémiste a déclenché une contre-offensive, sur un autre front, et s'est emparé jeudi d'Udayn, sous-préfecture de la province d'Ibb. En plus de ces combats, les conquêtes des rebelles chiites ont plongé le Yémen dans l'impasse politique menaçant son unité. Les houthis sont soupçonnés de vouloir élargir leur zone d'influence dans le futur Etat fédéral décidé, l'année passée, dans le cadre du dialogue national. Dans le sud du pays, des dizaines de milliers de personnes, profitant de l'affaiblissement de l'autorité centrale, sont mobilisées depuis mardi dernier à Aden pour réclamer l'indépendance du sud qui formait un Etat autonome jusqu'en 1990. Sept partisans du mouvement séparatiste ont été blessés le week-end dans une confrontation avec l'armée à proximité du sit-in, ont rapporté des médecins et des témoins. Certainement dépassé par les évènements, le président, Abd Rabbo Mansour Hadi, s'est entretenu vendredi dernier par téléphone avec son homologue américain, Barack Obama, sur la situation au Yémen, a indiqué l'agence Saba sans plus de détails. Hadi avait nommé la semaine dernière Khaled Bahah, ancien ambassadeur du Yémen à l'ONU, à la tête du gouvernement. Le nouveau Premier ministre semble avoir obtenu l'assentiment des rebelles chiites qui avaient contesté le 7 octobre la nomination d'Ahmed Awad ben Mubarak. Ce technocrate a été contraint de démissionner le lendemain « dans le but de préserver l'unité nationale et de protéger le pays contre les divisions ».