Débrancher la prise du câble ou du satellite pour regarder la télévision seulement sur internet : l'idée semble encouragée par des initiatives de deux grandes chaînes américaines. HBO, réputée pour ses séries comme « Les Sopranos » ou « Game of Thrones », et la concurrente CBS (« The Good Wife ») ont annoncé coup sur coup cette semaine que leurs programmes allaient être disponibles sur internet sans avoir, comme c'était le cas pour les services en ligne qu'elles proposaient jusqu'ici, à s'abonner d'abord à leur offre classique, par câble ou satellite. « On va voir Showtime (la grande concurrente de HBO, qui a produit notamment « Dexter » ou « Homeland ») et d'autres le faire aussi », prédit Neil Macker, expert en médias. La chaîne hispanophone Univision réfléchit déjà à ce type d'offre internet découplée de l'abonnement télévisé traditionnel. Disney et Viacom y ont également ouvert la porte dans des accords récents avec l'opérateur satellitaire Dish Network et Sony. Leur cible, ce sont avant tout les 10 millions de foyers américains ayant un accès internet à haut débit, mais pas la télévision par câble ou satellite, et qui semblent faire des émules. Le total d'abonnés à la télévision payante (par câble, satellite ou un opérateur télécom) a reculé pour la première fois l'an dernier. La pénétration de la télévision payante dans le pays, bien que toujours élevée (84% des ménages), baisse depuis 2010, parallèlement à la montée du numérique selon un de ses sondages début septembre. 11% des personnes sans télévision citent comme raison principale internet ou le service de vidéo en ligne Netflix (contre 3% en 2009). Vers une télé à la carte Les téléspectateurs « veulent regarder les meilleurs programmes sur l'appareil qu'ils veulent et quand ils le veulent », souligne un analyste. Avec l'essor de la vidéo en ligne, « les gens peuvent trouver suffisamment de choses sans payer pour 100 chaînes dont ils ne veulent pas », note aussi un professeur de communication. Cela devrait favoriser à terme « une programmation à la carte » sur internet plutôt que les coûteux forfaits multi-chaînes imposés aujourd'hui par les câblo-opérateurs. La télévision classique n'est toutefois pas encore morte. L'offre de CBS ne donne par exemple pas accès à ses matchs de la ligue de football américain. Or « tant que les gens n'auront pas d'autre moyen d'accéder au sport, ils conserveront leur abonnement à la télévision », selon James McQuivey. CBS comme HBO « n'essayent pas d'accélérer les désabonnements » mais plutôt « une manière d'obtenir de l'argent des gens qui ne sont pas abonnés » en leur donnant un moyen de regarder leurs programmes « sans pirater », juge aussi un chercheur. Il souligne que l'offre de CBS, « pas révolutionnaire », rappelle beaucoup ce que Disney, Fox et NBC font déjà avec leur service de vidéo en ligne. Elle permet de visionner les programmes en direct ou de les rattraper le lendemain, avec de la publicité. Les chaînes n'ont pas intérêt toutefois à couper les ponts avec les diffuseurs traditionnels, qui leur versent d'importants droits de diffusion, et avancent très prudemment. Elles semblent néanmoins prendre de plus en plus conscience de la valeur de leurs contenus. « Quand elles mettent leurs contenus sur internet, elles peuvent atteindre les consommateurs selon leurs propres conditions.