Photo : Mahdi I. Le vovinam viet vodao est un art martial encore méconnu en Algérie, même si le nombre de ses adeptes s'accroît au fil des années, atteignant plus de 8000 athlètes répartis sur environs 700 associations sportives. Et neuf ans après son introduction, ce sport ne possède toujours pas sa propre fédération. Actuellement, ce sport, qui associe la sagesse à la force physique, fait partie d'un groupe de disciplines non olympiques sous la tutelle d'une Ligue. Néanmoins, en dépit du manque notable d'infrastructures et d'encadrements, les résultats réalisés promettent un avenir radieux pour le vovinam viet vodao. Et ce n'est pas le talent qui manque. En effet, pour leur première participation en Coupe du monde de vovinam viet vodao en 2002, soit une année seulement après son introduction, les Algériens ont décroché le titre de champions du monde. Depuis lors, ils enchaînent les succès, devançant même les Vietnamiens, créateurs de ce sport. Pour cette dernière Coupe du monde tenue le mois d'août en Allemagne, l'équipe nationale a raflé pas moins de deux médailles d'or et occupé à plusieurs reprises les secondes et troisièmes marches du podium. Les frères Guendouzi, Redouane et Saber, en sont la preuve vivante de la prospérité du vovinam viet vodao en Algérie. Tous deux ayant déjà pratiqué d'autres sports, notamment la gymnastique, ont fait leurs débuts dans le monde du vovinam viet vodao en 2003, en intégrant le club de Oued Smar, «El Moustakbel». «On pratiquait déjà d'autres disciplines. Mais c'est grâce à notre entraîneur, Semache Ramdane, que nous nous sommes engagés dans cette fabuleuse aventure», commença par dire Saber. Par la suite, l'entraîneur de l'équipe nationale, Djouadj Mohamed, prendra les choses en main pour guider les pas des deux frères dans la cour des grands. Et c'est ainsi qu'en 2006 à Alger, Redouane devient champion du monde, en décrochant une médaille d'or en combat. Depuis, il enchaîne les succès en remportant plusieurs titres continentaux et mondiaux : champion d'Afrique en 2009, champion du monde pour la seconde fois en combat et pour la première fois en technique en 2010, pour ne citer que ces seuls sacres. Quant à Saber, il a, à peu près, le même palmarès que son frère. Il a occupé la deuxième et troisième places en technique, respectivement, lors des Coupes du monde 2006 et 2010. A leur retour d'Allemagne, Saber raconte qu'il a été félicité pour sa prestation par une cérémonie grandiose à Khemis El Khechna, ce qui n'est pas le cas de Redouane. «Les dirigeants de la daïra de Boudouaou ont promis de me récompenser pour mon titre. Mais j'attends encore», confia-t-il avec une pointe de regret. Mais le plus impressionnant, c'est que les frères Guendouzi appliquent à la lettre les dix principes qui régissent le comportement du pratiquant du vovinam viet vodao. Non seulement, ils ont fait des études supérieures, mais ils veulent laisser leur empreinte en tant qu'athlètes et entraîneurs du vovinam viet vodao. Et c'est avec cette phrase que Saber aborde sa nouvelle carrière d'entraîneur : «Accumuler loyalement des connaissances sur l'art martial et développer une nouvelle génération de jeunes pratiquants. C'est cela mon objectif». Il est actuellement à la tête de l'équipe Khemis El Khechna (CVVD). «Mon souhait le plus cher est d'avoir ma propre école de formation. Je voudrais continuer sur cette voie et transmettre mon talent aux autres générations», plaida-t-il, pour ajouter, «je veux créer la nouvelle élite qui représentera l'Algérie dans les grands rendez-vous». D'ailleurs, Saber nous apprend que lors de la dernière Coupe du monde, sept de ses «élèves» ont foulé les premières marches du podium. Par contre, le champion du monde en titre, Redouane en l'occurrence, ce n'est qu'en 2008 qu'il a débuté sa carrière d'entraîneur. A présent, il dirige une jeune formation à Boudouaou. «J'ai préféré avoir un effectif qui n'a jamais fait du vovinam viet vodao. Pour moi, c'est comme une pâte, on peut la manipuler à sa guise pour en faire un produit», explique Redouane. Néanmoins, ses athlètes ont déjà décroché une troisième place au tournoi international du Maroc. Cependant, pour les deux frères, le plus grand souci est le manque de moyens et d'infrastructures. Ils n'ont pas encore leurs propres salles d'entraînement. «Nous effectuons nos entraînements dans des salles réservées à d'autres disciplines. Mais on est sûr que si on nous donnent plus de considération nous pourrons faire des miracles dans les années à venir», dira Redouane. Saber est aussi du même avis. Pour lui, cette contrainte influe négativement sur le développement du vovinam viet vodao en Algérie. «Le soutien de l'Etat sera pour nous comme une bouée de sauvetage», estime-t-il. Pour l'instant, ils affirment que les autorités locales leur ont promis une aide. «Mais, jusqu'à présent, nous n'avons rien reçu», précise-t-il. En attendant le soutien de l'Etat, Saber et Redouane, continuent de travailler. Ils préparent les prochaines échéances internationales, notamment le championnat d'Afrique et la Coupe Euro-Afrique, prévue pour 2011. A cet effet, et pour conserver leur «leadership» sur le vovinam viet vodao, les deux frères seront à pied d'œuvre à Alger dans les jours à venir. Ils devront également prendre part à des tournois et joutes internationales l'année prochaine. Ils effectueront également des stages de préparation à l'étranger.