Unanimement, les 15 du Conseil de sécurité veulent s'attaquer aux racines du mal surgi du laboratoire américain, comme l'a explicitement reconnu l'ancienne secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, couvé en allié sûr dans la guerre contre le régime de Bachar El Assad et voué aux gémonies dans son antre syro-irakien. Onze ans et un gouffre financier plus tard, les G'is sont de retour en Irak qu'ils ont quitté en 2011 pour défaire Daech. « Cet effort prendra du temps », a reconnu, le 20 janvier, le président Obama, sollicitant une enveloppe totale de 8,8 milliards de dollars pour l'exercice 2016. Dans la ligne de mire, le Daech, en perte de vitesse dans la région stratégique de Kobané, reconquise par les Kurdes syriens, est désormais privé des sources de financement qui en font le groupe terroriste « le plus riche du monde ». Dans une résolution, élaborée par la Russie et enrichie par les Américains et les Européens, le Conseil de sécurité brandit l'arme du boycott pour stopper la machine de guerre infernale, principalement alimentée par la vente de pétrole sur le marché noir, le recel des objets d'antiquité et le paiement des rançons. La réaction « très positive » des 15 pays membres, selon l'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, ne devrait, naturellement, soulever aucune objection formelle pour son adoption attendue avant ce jeudi. Elle s'interprète comme une volonté de constituer un front uni dans la lutte antiterroriste, a tenu à souligner le représentant britannique, Mark Lyall Grant. Le texte, qui s'inspire de la batterie de mesures onusiennes, imposant des sanctions (gel des avoirs, embargo sur les armes) aux organisations et aux individus affiliés à al Qaïda, précise les obligations « déjà solides et contraignantes » des Etats, particulièrement dans le domaine de la « contrebande des produits pétroliers », vise également à endiguer le flux des « combattants étrangers » de Daech et, innovation en la matière, décrète une interdiction spécifique du trafic d'œuvres d'art et d'antiquité dérobées en Syrie, comme c'est le cas pour l'Irak. D'autres richesses tirées du commerce de l'or, des produits agricoles ou de marchandises pillées (produits électroniques, cigarettes) s'ajoutent au butin du groupe terroriste. Mais, incontestablement, l'arme stratégique du pétrole, estimée à 800 millions de dollars par an selon le cabinet américain IHS, génère des revenus significatifs. L'or noir de Daech, détenteur de 11 champs pétroliers, au nord de l'Irak et dans la région de Raqqa en Syrie, et bradé au marché noir 2 et 4 fois moins cher que le cours normal de l'hydrocarbure, comme l'indique le site Atlantico, pose la question névralgique du rôle des intermédiaires et de certains Etats dans le trafic illicite de Daech. Le « défi » posé par la résolution du Conseil codifie clairement la responsabilité des Etats membres tenus de ne plus commercialiser directement ou indirectement avec Daech, de saisir l'ONU sur toutes transactions du pétrole brut ou raffiné venu de zones tenues par les terroristes et appelle les Etats voisins à contrôler ce trafic. Une responsabilité nettement identifiée par le sous-secrétaire américain au terrorisme et au renseignement financier, David Cohen, citant, nommément, le 23 octobre 2014, la Turquie et les Kurdes d'Irak, mais également par l'ambassadrice de l'Union européenne en Irak, la Tchèque Jana Hybaskova, accusant plusieurs pays de l'Union européenne approvisionnés par Daech en hydrocarbures transitant par les pays voisins. Qui finance et qui arme l'EI ?