Qui sont les principaux acheteurs du pétrole extrait sous l'autorité de Daech ? C'est là la question qui a longtemps taraudé les esprits, avant que l'ambassadrice de l'UE en Irak n'en apporte la réponse. En début de septembre dernier, devant un panel d'élus du Parlement européen, l'ambassadrice de l'Union européenne en Irak, Jana Hybaskova, a accusé, le 2 septembre, certains Etats membres de l'UE, sans préciser lesquels, d'acheter du pétrole irakien à l'Etat islamique (EI). "Malheureusement, des Etats membres de l'UE achètent ce pétrole", a déclaré cette diplomate tchèque lors d'une intervention devant la commission des affaires étrangères du Parlement à Bruxelles. Ce pavé dans la mare a bien mis dans l'embarras les Européens, qui se sont mis dans l'obligation de mettre en place une coordination européenne face à l'Etat islamique. Cela expliquerait d'ailleurs l'empressement de certains états, à l'image de la France et la Grande-Bretagne, à entrer en guerre contre l'organisation terroriste. On accuse en outre les Kurdes de jouer double jeu, en achetant ce pétrole pour leur propre utilisation, ou pour la revente à des pays tiers. Israël est, en ce sens, pointé du doigt comme une probable destination du pétrole syrien et irakien, connaissant ses besoins pour ces produits et ses faibles capacités de production. D'après la chercheuse Valérie Marcel, de l'institut Chatham House, l'EI contrôle 6 champs pétroliers dans le nord-est de la Syrie et 7 en Irak. Ce qui lui permettrait de produire par dizaines de milliers de barils par jour de pétrole, que cette organisation exporte directement ou qu'elle envoie dans de petites raffineries par camion à destination de grossistes turcs et irakiens. Une fois sur place, ce pétrole est acheté par des affairistes libanais ou kurdes, et même par le régime de Bachar al-Assad selon d'autres sources. Un commerce qui fait florès, en raison notamment des bas prix qui sont pratiqués. 20 dollars environ pour le fuel lourd et 55 dollars pour le léger, soit la moitié du cours international. A. R.