L'un des principaux chapitres du programme du ministère de la Santé pour l'année en cours est la greffe d'organes qui fait actuellement l'objet d'un large débat. A l'occasion d'une réunion regroupant des spécialistes, praticiens et distributeurs du secteur, organisée, hier, à l'Institut national de santé publique Malika-Gaïd, le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, a d'emblée tenu à rappeler que « la dernière rencontre qui s'est déroulée à Mazafran, il y a quelques jours, a permis de dégager plusieurs résolutions relatives à la greffe d'organes et s'est traduite par la réunion d'aujourd'hui, dont l'objectif porte sur le suivi rigoureux et particulièrement la mise en place d'une feuille de route, avec pour finalité de trouver des solutions aux problèmes rencontrés quant à la greffe d'organes ». Lors de cette réunion, le ministre a invité les spécialistes à trouver un terrain d'entente pour le bien des patients. « Le ministère s'engage à vous appuyer et à vous assurer tous les moyens nécessaires en vue de relancer la greffe d'organes, à commencer par celle du rein », a souligné Boudiaf. Il a rappelé, dans ce sens, que 166 patients ont été greffés en 2014 à l'échelle nationale. « Si l'on se félicite des interventions réalisées au niveau de certains centres, il n'en demeure pas moins que certaines structures sont en hibernation », a-t-il fait remarquer. « Il faut mettre tous les moyens, modifier la réglementation et relancer dans les plus brefs délais l'agence de don d'organes », a-t-il ajouté. Selon Boudiaf, il est temps de passer au prélèvement sur cadavre. « Où allons-nous comme ça ? », s'est-il interrogé. Et d'ajouter : « L'Algérie dispose de moyens qui permettent de réaliser des greffes à partir de donneurs, y compris entre membres d'une même famille et s'engage dans la lutte contre la commercialisation d'organes. » « L'avis religieux aura sa place et la réglementation sera changée s'il le faut », a-t-il rassuré. En termes de formation, Boudiaf a signalé qu'il est urgent de distinguer entre un chirurgien et un spécialiste en greffe d'organes. « Les professionnels existent et nous procèderons à des jumelages, des colloques et des rencontres pour former des spécialistes et développer des centres spécialisés », a indiqué le ministre. Selon lui, l'année 2015 sera consacrée aux grands chantiers dont la greffe incessamment, puis l'élaboration, très prochainement, d'une autre feuille de route relative à la cardiologie, qui sera suivie par le grand dossier des « urgences médicales », notamment « l'hospitalisation et les soins à domicile ». Douze établissements sont autorisés à effectuer ces greffes, dont les CHU Mustapha-Pacha, de Hussein Dey, de Beni Messous, d'Oran, d'Annaba, de Tizi Ouzou, de Blida, de Tlemcen, en plus des deux EHS et de l'HCA. Selon le spécialiste, de 1986 à 2014, quelque 22 cas ont subi une greffe rénale, 111 cas en 2007, soit une moyenne de 132 transplantations chaque année. Selon lui, une évolution de 10 greffes par an a été enregistrée. « La transplantation rénale est croissante avec une moyenne de 22 transplantations sur place ou assistées », a-t-il précisé. Quant à la greffe du foie, le même responsable a fait savoir que la norme est de 15 greffes par million d'habitants par an. Il a indiqué qu'une seule greffe a été effectuée en 2003 au CPMC. S'agissant de la cornée, de 2007 à 2014, il a été réalisé 2.021 greffes cornéennes, soit une moyenne de 110 greffes par mois en 2014. Evoquant la greffe de la moelle osseuse, l'intervenant a précisé que de 2007 à 2014, près de 888 greffes ont été réalisées. Dans ce contexte, El Hadj a recommandé la mise en place de registres de donneurs et receveurs, le développement du prélèvement sur cadavre, la promotion de la recherche et l'encouragement du don d'organes.