Mme Nadia Labidi, ministre de la Culture, a fait part, à la télévision, de sa « profonde affliction » pour les pertes subies par la famille artistique. Elle déplore, a-t-elle précisé, « la perte de grands noms de la culture algérienne. La tristesse qui nous submerge n'a d'égale que l'estime et la considération que nous lui avons toujours portées, A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons. » Ahmed Bedjaoui, universitaire, producteur, critique de cinéma et conseiller cinéma au ministère de la Culture : « Avant tout je me recueille à sa mémoire. Il demeure une figure emblématique et incontournable du cinéma algérien. C'est avec un grand chagrin que j'ai appris sa disparition ». Lyes Semiane, directeur du centre cinématographique algérien : « Certes, l'homme n'est plus de ce monde mais son nom restera gravé à jamais dans la mémoire collective nationale, grâce à son riche patrimoine cinématographique légué à la postérité, outre d'avoir formé et aidé une génération d'artistes émérites, qui se chargeront, je l'espère, de prolonger l'œuvre du maître disparu. » Fatima-Zohra Kouiret, fille du défunt : « C'est un père exemplaire. Ses meilleures œuvres, son éducation et son savoir qu'il nous a transmis. C'est quelqu'un qui donne sans rien attendre en retour. Il ne lésine pas sur son savoir pour faire profiter ses connaissances. Il adore faire partager son expérience professionnelle avec les autres. En somme, je suis très fière d'être la fille d'un grand Monsieur. » Ahmed Benaïssa, comédien professionnel : « C'est un artiste qui a beaucoup donné de lui- même. Je tiens à souligner qu'il est important de reconnaitre ces artistes qui ont énormément œuvré pour la promotion du talent, de la création et de la culture. » Bahia Rachedi, comédienne professionnelle :« C'est un grand monsieur, un précurseur, un repère pour nous. Il est vrai que je l'ai connu en personne, je connais aussi parfaitement ses œuvres. C'est un personnage doté d'une sensibilité aiguisée. Sid-Ali Kouiret n'est pas seulement un cinéaste, pour moi c'est un missionnaire. » Abdelhamid Rabia, comédien professionnel :« J'étais étudiant à l'INADC, lorsque j'ai connu Sid-Ali Kouiret et beaucoup d'autres illustres noms comme Keltoum, Sid-Ahmed Agoumi, Ouahiba Zekkal... J'ai pris part à plusieurs œuvres de théâtre aux côtés du défunt comme « Le cadavre encerclé » de Kateb Yacine, « Les concierges » de Rouiched, « Mort d'un commis voyageur » d'Arthur Miller, « Les bas fonds » de Maxime Gorki. Il convient de savoir que Mustapha Kateb avait cette initiative de mêler la jeune génération à l'ancienne, une manière de nous permettre un meilleur apprentissage du métier. C'est là que j'ai connu Sid-Ali Kouiret. Je garde de lui le souvenir d'un grand artiste qui a cette polyvalence de jouer au théâtre et au cinéma. Il considère Mustapha Kateb comme son père spirituel. Il a tout appris avec lui. » Mustapha Ayad, fils de Rouiched et comédien professionnel : « C'est un comédien et un acteur de cinéma, et pas des moindres. Il est le contemporain des figures artistiques algériennes les plus remarquables. Je l'ai connu dans les années soixante-dix au TNA. J'ai eu à partager avec lui la scène à diverses occasions. Je me rappelle la fois où j'étais assistant de mon regretté père dans la pièce « Les concierges » et où mon père m'avait confié la tâche de diriger durant une semaine l'ensemble des comédiens, à cause d'un déplacement qu'il avait effectué au Maroc. Sid-Ali Kouiret figurait dans cette distribution aux côtés de Yahia Ben Mebrouk, Nouria et Keltoum. Il faut dire que ce n'est pas une tâche aisée de travailler aux côtés de ces monstres de la scène. Ils ne sont jamais satisfaits de leurs performances. Ils sont régulièrement à l'affût de la perfection. Dans les années quatre-vingt, je retiens une anecdote, lorsque mon père m'avait accordé le premier rôle dans la pièce « El Ghoula », Sid-Ali Kouiret était envieux. Il adorait les rôles composés et difficiles à camper. C'est connu, Sid-Ali Kouiret c'était le chouchou de mon père. » Ouahiba Zekkal, ancienne comédienne : « Je suis très peinée par cette nouvelle. Aujourd'hui, j'ai perdu un frère. Je suis bouleversée. On a appris à tisser des liens très forts entre nous parce qu'on exerçait l'art avec passion. On est comme une seule famille. Je l'ai connu avant qu'il ne rejoigne le TNA. Plus exactement, lorsqu'il était étudiant. Il a joué, avec une grande réussite, des rôles dans plusieurs films consacrés à la Guerre de Libération nationale. De par sa forte personnalité et ses qualités de comédien hors pair, Sid-Ali Kouiret s'est distingué dans plusieurs œuvres. Repose en paix, Sid-Ali. » Taha Laâmiri, ancien comédien : « C'est une grande perte pour l'Algérie. J'ai perdu un ami intime. Nous avons joué ensemble dans plusieurs œuvres. Notre collaboration a débuté dans les années cinquante. Nous avons passé sept ans ensembles dans la troupe du FLN à Tunis. Nous avons échangé nos expériences, nos souvenirs et nos secrets. C'est un artiste complet. Il est, à mes yeux, inégalable, que ce soit au théâtre comme au cinéma. Je garde de lui le souvenir d'un homme qui aime son métier, un homme charmant, débonnaire, et surtout il était épicurien. Il adorait sourire et blaguer. Nous n'étions que trois comédiens affiliés à la troupe de Mahieddine Bachtarzi, avec Sid-Ali Kouiret et Mohamed Hilmi. Aujourd'hui, Sid-Ali Kouiret nous quitte. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons. » Doudja Achachi, ancienne comédienne : « Nous ne pouvons pas lutter contre la volonté de Dieu. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons. Je suis partie faire mes analyses habituelles à l'hôpital Aïn Naàdja lorsque j'ai aperçu une foule autour du service orthopédique. Je n'avais pas réalisé que Sid-Ali Kouiret était dans cet hôpital et encore moins qu'il s'était éteint. Paix à son âme ! Je l'ai connu au théâtre. Nous avons travaillé ensemble. Notre dernière collaboration, c'était dans le film « Le retour de l'enfant prodige » de Youssef Chahine en 1976. » Rachid Benhadj, réalisateur : « Cet éminent comédien et cinéaste a traduit les souffrances quotidiennes des Algériens à travers des images et des scènes artistiques exceptionnelles. Il jouissait d'une estime et d'une grande popularité chez son public. Son nom est le symbole de l'histoire du théâtre et du cinéma algériens par excellence, d'autant qu'il l'a mis au service des causes de son peuple. Nous nous sommes connus dans le passé. Cependant, nous n'avons pas travaillé ensemble. Dommage ! C'est une perte immense pour l'Algérie. » Ziani Cherif Ayad, homme de théâtre : « Allah Yarahmou. Je viens d'apprendre la nouvelle car je suis rentré il y a trois jours de France. Je savais qu'il était malade mais j'ignorais qu'il était hospitalisé. Je l'ai connu dans les années soixante- dix. A l'époque, j'étais encore étudiant à l'INADC et je finissais mon service national. J'étais distribué dans la pièce « Ah ya Hassen » mise en scène par Rouiched. Je venais de débuter, lui avait un rôle assez important. Il est important de dire que Rouiched avait cette singularité d'écrire des rôles sur mesure pour les comédiens. Je l'ai pratiqué d'une manière fragmentée. On ne s'est pas liée d'une grande amitié pour la seule raison qu'il venait et intervenait par intermittence au théâtre. Je retiens de lui un détail qui m'a marqué. Sa position engagée. Lorsque Mustapha Kateb avait quitté ses fonctions de directeur du TNA, Sid-Ali Kouiret, qui considérait Mustapha Kateb comme un mentor et un père spirituel, il avait pris la décision de s'éloigner du théâtre, par solidarité à son ainé.