Le Bureau d'enquêtes et d'analyses de l'aviation civile française (BEA) vient de rendre publiques les premières conclusions de l'enquête sur le crash du vol AH 5017. Invité à commenter ce rapport, lors de son passage, hier, au forum du quotidien Liberté, le PDG d'Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, a estimé que le rapport du BEA sur le crash du vol AH 5017 d'Air Algérie, survenu le 24 juillet 2014, au nord du Mali, est préliminaire. « L'enquête se poursuit. Le rapport définitif sera publié en décembre », a-t-il précisé. Il a, par ailleurs, jugé nécessaire de préciser qu'il ne s'agit pas d'un avion d'Air Algérie et que la compagnie « est victime » dans cet accident. Il a indiqué que la réaction des pilotes, suite à une défaillance technique durant le vol, a été inappropriée. Il a soutenu que ces derniers étaient titulaires de licences européennes et que le rôle d'Air Algérie se limitait à vérifier ces documents. L'invité du forum de Liberté s'est longuement attardé sur le nouvel organigramme de l'entreprise basé notamment sur la création de filiales pour faire face à la concurrence dans le cas où les pouvoirs publics décident d'un open sky. Une éventualité pour laquelle l'Algérie n'est pas encore prête, a estimé Boultif. Le nouvel organigramme vise à corriger les dysfonctionnements qui subsistent dans l'actuel et à se doter d'un outil qui puisse répondre à cette volonté de restructuration de la compagnie, a-t-ill expliqué. « Le Conseil des participation de l'Etat a approuvé la création de quatre nouvelles filiales d'Air Algérie sous forme de sociétés par actions, qui prendront en charge les fonctions connexes au transport aérien mais qui ne feront pas partie de son métier de base », a-t-il révélé. Il s'agit notamment de la création d'une société de catering qui a été mise en place en janvier dernier dans le cadre d'une opération-pilote. Une autre filiale spécialisée dans le transport de marchandises sera lancée prochainement. La troisième, qui sera créée après la prochaine saison estivale, sera dédiée au handling qui consiste à la prise en charge des opérations commerciales et douanières. Le plan de restructuration prévoit également le lancement d'une société qui assurera la maintenance et la réparation des aéronefs d'Air Algérie. Par ailleurs, la compagnie nationale étudie le projet de création de trois autres filiales dédiées, respectivement, à la vente et à la réservation des billets d'avion, au nettoyage des aéronefs et aux œuvres sociales. Des investissements à la charge de la compagnie Concernant les investissements engagés par la compagnie nationale, Boultif a précisé qu'ils concernent le renouvellement de la flotte. Sur la ponctualité des vols, il a avancé qu'Air Algérie a enregistré l'année passée, 70% en moyenne annuelle de taux de ponctualité, contre 59% en 2023, 61% en 2012 et 51% en 2011. S'agissant de la formation, Boultif a fait savoir qu'Air Algérie va procéder à la formation de 200 pilotes, le recrutement et la formation de 150 PNC (stewards et hôtesses de l'air) et des agents techniques et ceux chargés de l'exploitation. Au sujet des salaires, le PDG d'Air Algérie a rejeté l'idée selon laquelle les personnels est faiblement rémunéré. « Je m'inscris en faux contre cette supputation », a-t-il insisté. Et d'annoncer que le dossier portant l'hiérarchisation des salaires est en phase d'être finalisé. Pour ce qui est de la confirmation dans les postes de travail, il a indiqué qu'un système d'évaluation est en train d'être mis en place. 13 nouvelles lignes d'ici 2017 « Il n'existe pas de favoritisme dans les recrutements. Les opérations de recrutement, notamment des pilotes, sont menées par des experts d'Oxford », a-t-il précisé. Côté développement, Boultifa indiqué que la compagnie publique veut reconquérir le ciel africain. Et pour cela, il a été décidé d'ouvrir 13 nouvelles lignes d'ici à 2017. Il a affirmé que l'Arabie saoudite n'a jamais interdit à Air Algérie de survoler son espace aérien. Il a signalé que dimanche dernier, 8 vols vers ce pays ont été effectués. Sur la saison du hadj, il dira qu'« avec la réception de deux autres Airbus, en mai et juin, nous estimons que nous avons les moyens d'assurer le transport des hadjis ». Pour ce qui est de la prise en charge des passagers et de la communication, Boultif a indiqué qu'Air Algérie bute sur la manque d'infrastructures hôtelières destinées à prendre en charge ses clients. Sur la perte des bagages, il a précisé que ce phénomène n'est pas l'apanage de la compagnie. Selon lui, 43 cas de vol de bagages ont été enregistrés en 2014. Quant aux prix des billets, il a affirmé que cette question est liée à l'offre et à la demande. Concernant l'activité de la billetterie, le premier responsable d'Air Algérie a annoncé qu'un accord avec le CPA a été signé pour lancer ce nouveau service destiné au marché local, a-t-il ajouté.