L'Algérie, dès l'annonce de son ouverture à l'économie de marché, a pensé à se doter de toutes les structures d'accompagnement. C'est ainsi qu'est née l'idée de se doter d'une Bourse comme dans les autres pays à régime libéral… On a mis la charrue avant les bœufs, encore une fois croyant qu'il suffit de mettre en place les instruments de l'économie de marché pour que celle-ci devienne une réalité. L'avantage, aujourd'hui, au moins est de se l'avouer, les résultats de la Bourse en matière de capitalisation qu'on s'efforce de lui donner vie sont « insuffisants au regard des attentes et des prévisions des autorités et des pouvoirs publics dans ce domaine ». C'est ce que disait déjà, en 2008, un responsable de la Commission des opérations boursières. Pour lui, positionner la Bourse au cœur de la croissance de l'économie, à travers un marché de capitaux dynamiques, est un objectif « difficile à atteindre » en l'état actuel des choses. Il faut « une organisation appropriée du marché et une mise à niveau de l'ensemble des acteurs, des systèmes et des procédures ». Cette démarche visant le développement du marché financier en Algérie devra se mettre en pratique d'ici 2011. Actuellement, deux entreprises publiques l'une spécialisée dans la production du médicament tel Saidal, et l'autre dans le domaine du tourisme, l'EGT Aurassi, sont admises en Bourse, Eriad autre entreprise publique précurseur s'étant retirée de la course. Ce que l'on feint d'oublier, c'est que l'entrée en Bourse pour une entreprise n'est en fait qu'une « ouverture partielle de son capital ». Rien qu'à ce niveau-là, il faudra beaucoup de pédagogie et de persuasion. Et ce n'est pas valable seulement aux entreprises, les futurs porteurs ont eux aussi des exigences en matière de sécurité, de transparence relatives aux opérations boursières. Inutile de rappeler que la Bourse d'Alger n'a enregistré aucune nouvelle émission depuis longtemps. C'est pourquoi on ne cesse d'appeler à un plan de relance. Les professionnels estiment que la Bourse est une affaire de privés. Avec la taille actuelle des entreprises du secteur privé et le manque de transparence qui les caractérise, autant dire que l'on peut attendre encore longtemps avant de voir cette réalité prendre forme sur le terrain. Le marché des obligations, au contraire de celui des actions, semble plus propice au développement de l'activité boursière en Algérie. L'autorité chargée de délivrer son visa aux entreprises sollicitant la levée d'emprunts obligataires (la Cosob) peut en témoigner, elle qui a donné son aval à plusieurs entreprises tel la Sonatrach, Sonelgaz, Air Algérie, Algérie Télécom et d'autres opérateurs publics du secteur pétrolier… Le succès du marché des obligations est tel en Algérie qu'il a fait des émules parmi les groupes privés aussi. On peut citer Cevital, Dahli du secteur de l'hôtellerie et des loisirs et, pour bientôt, le groupe privé des travaux publics ETRHB qui s'est montré intéressé par ce nouveau marché. Cela n'autorise cependant pas le satisfecit, l'échec du dernier emprunt de Dahli, insuffisance des sommes levées, donne à réfléchir encore une fois. Si les emprunts qui s'adressent aux institutionnels comme les banques et les assurances ont la chance de trouver preneur, le grand public lui attend encore. Dans le premier cas, on n'a rien à perdre : les entreprises ont à placer utilement des avoirs en excédents et surtout les rentabiliser dans des placements sûrs et sécurisants.