La cherté du livre est l'un des points soulevés, hier, au Conseil de la nation lors d'une séance- débat autour du projet de loi relatif au livre. Les sénateurs ont estimé que le coût, trop élevé, de la confection de l'ouvrage détermine son prix. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, qui reconnaît cette réalité, explique « que le coût du livre est impacté par les prix élevés du papier ». « Les prix sont libres bien que l'Etat ait un droit de regard et régule les tarifs surtout dans le sud du pays », indique-t-il en réponse à un sénateur qui reproche aux pouvoirs publics de laisser le champ libre aux importateurs pour fixer les prix et les réductions qui leur conviennent. Le ministre est, toutefois, pour la hausse des droits d'auteur qui ne dépassent pas les 10%, suggérée par les sénateurs. Le ministre estime, par ailleurs, que nous n'arrivons pas encore à savoir si la crise de la lecture dans notre pays est liée au lectorat ou à la qualité des ouvrages. « Aucune étude n'a été faite dans ce sens. Cependant, je ne pense pas qu'il y ait crise de lectorat. Les Algériens lisent, dans les espaces fermés et pas dans les espaces ouverts. Les ventes au salon international du livre d'Alger sont les plus importantes dans le monde arabe », souligne-t-il. « Si les grands auteurs algériens préfèrent solliciter des maisons d'édition étrangères, ce n'est parce qu'il n'y a pas de marché mais parce qu'ils sont en quête d'un marché plus large et plus promotionnel », a-t-il ajouté. Le secteur, d'après le ministre, a recensé plus de 800 éditeurs dont plus de 500 professionnels. La majorité d'entre eux ont émergé lors de la manifestation « l'Année de l'Algérie en France » en 2003. Une bibliothèque pour chaque commune Le monde de l'édition s'était alors enrichi d'un nombre important d'éditeurs manquant souvent de professionnalisme. « L'une de nos priorités est de les soutenir afin qu'ils deviennent plus professionnels. Beaucoup d'entre eux sont plus intermédiaires qu'éditeurs. L'autre priorité est de soutenir les auteurs littéraires qui peinent à trouver un éditeur et un marché », assure-t-il. Le secteur veillera à ce que tous les ouvrages mentionnent aussi la date de publication et le numéro d'édition. Chose qui n'est pas appliquée actuellement sur certains ouvrages. Les sénateurs ont déploré, en effet, que sur certains ouvrages, même le nom de a maison d'édition n'est pas mentionné. Ils ont insisté également sur la problématique de la distribution. Mihoubi a fait part, à ce propos, de son intention d'organiser une rencontre avec les professionnels et les acteurs concernés par cette question afin d'aboutir à des mécanismes permettant au livre d'atteindre les régions les plus retirées. Dans ce même registre, il a assuré que le projet « une bibliothèque pour chaque commune » est toujours en cours ». 1041 bibliothèques ont déjà été réalisées il ne reste que 400 dont les travaux ont démarré ». « Nous aspirons maintenant à un livre pour un enfant. C'est à la maison et à l'école que l'enfant tient son premier livre. Il faudrait développer ce créneau », soutient-il. En réponse aux remarques des sénateurs sur les fautes de publication constatées dans le Coran, le ministre a annoncé la mise en place d'une édition algérienne pour le Coran. Mihoubi a souligné la nécessité d'élaborer des textes d'application pour compléter ce projet de loi. Il a enfin assuré que la tutelle ne pourra interdire la publication d'aucun ouvrage. Dans le cas où ce dernier fait l'objet de contestation, c'est à la justice de trancher.