La foi est une force qui préserve contre toutes les formes de la bassesse et pousse vers les nobles caractères. D'où le fait que quand Allah invite Ses serviteurs à faire le bien ou les détourne du mal, Il en fait l'exigence de la foi imprégnée dans leurs cœurs. C'est pourquoi Il s'adresse à eux souvent en tant que croyants : « Ô vous qui croyez !... » avant de mentionner les charges qu'Il leur impose, comme par exemple dans ce verset : « (...) Craignez Dieu et soyez parmi les véridiques... » (Sourate 9 At-Tawba - Le Repentir - verset 119) De même, l'Envoyé d'Allah — que la paix et le salut soient sur lui —nous explique que la foi puissante engendre inéluctablement un puissant caractère moral et que la dissolution de la morale résulte de la faiblesse de la foi ou de sa disparition, selon la gravité du mal ou de son insignifiance. Aussi, au sujet de l'homme au visage impudent et au comportement immoral, qui commet les vices sans se soucier de personne, le Prophète (QSSSL) décrit son état en ces termes : « La pudeur et la foi sont un couple indissoluble. Si l'un disparaît, l'autre disparaît aussi » (Rapporté par AI-Hâkim et At-Tabarânî). De même, à l'homme qui nuit à ses voisins et leur cause du tort, la religion réserve un jugement très dur, et l'Envoyé d'Allah dit à son sujet : « Par Allah il ne croit pas ! Par Allah il ne croit pas ! Par Allah il ne croit pas ! On lui dit : Qui donc, ô Envoyé d'Allah ! Il dit : Celui dont le voisin n'est pas en sûreté contre ses forfaits » (Rapporté par Al-Bukhârî). En plus, quand l'Envoyé d'Allah enseignait à ses Compagnons comment il faut éviter les propos inutiles, le bavardage et le radotage, il leur disait : « Que celui qui croit en Allah et au jour du Jugement dise du bien ou garde le silence » (Rapporté par Al-Bukhari). Voilà comment il s'employait à semer les vertus et à les entretenir jusqu'à ce qu'elles donnent leurs fruits, en s'appuyant sur la véracité et la perfection de la foi. Il arrive, cependant, que certains adeptes de la religion fassent preuve de légèreté dans l'accomplissement des actes d'adoration exigés et qu'ils manifestent dans la vie publique beaucoup d'empressement et d'attachement à les observer tout en commettant des actes contraires à la noblesse du caractère et à la foi véritable. Or, le Prophète (QSSSL) a menacé ces pécheurs et a mis sa communauté en garde contre eux. C'est dire que l'imitation des actes d'adoration est à la portée de celui qui n'est pas imprégné de leur esprit ou élevé à leur niveau. En effet, un enfant peut imiter les gestes de la prière et répéter les paroles qu'on y observe. De même, l'acteur peut faire preuve de soumission et interpréter la plupart des rôles de la vie de dévotion. Mais ni l'un ni l'autre de ces jeux ne servent nullement la préservation de la certitude et la noblesse du dessein. Car le jugement sur le degré du mérite et l'exemplarité du comportement dépend toujours d'un critère infaillible, à savoir la noblesse du caractère. On rapporte à ce sujet qu'un homme a demandé au Prophète (QSSSL) : « Ô Envoyé d'Allah ! Untel parle beaucoup de ses bonnes œuvres nombreuses en matière de prière, de jeûne et d'aumône, mais nuit à ses voisins par sa mauvaise langue ! Il lui dit : Untel est en Enfer. L'homme dit : Ô Envoyé d'Allah ! Untel évoque le peu de prière et de jeûne qu'il observe, mais donne en aumône des morceaux de fromage et ne nuit pas à ses voisins ? Il lui dit : Untel est au Paradis » (Rapporté par Ahmed). Cette réponse renferme une haute considération pour la valeur du caractère noble et une indication que l'aumône est une forme d'adoration à caractère social dont l'utilité bénéficie à autrui. C'est pourquoi ce hadith n'évoque pas la réduction dans l'aumône comme il l'envisage pour la prière et le jeûne, bien qu'ils soient tous des actes d'adoration individuels quant à leur forme. C'est dire que le Prophète de l'Islam ne se contente pas de répondre à une question contingente pour indiquer l'affinité entre le caractère moral et la foi véritable, son lien étroit avec l'adoration authentique et le fait qu'il soit la source de la bonne conduite dans la vie ici-bas et du salut dans la Vie future. Car la question de la morale est plus importante que cela. Elle nécessite une initiation continue et des conseils répétés pour enraciner dans les cœurs et les esprits cette vérité, à savoir que la foi, la bonne conduite et la morale sont des éléments intrinsèquement liés qu'aucun homme ne peut défaire.