Les policiers israéliens se sont introduits dans la Mosquée jusqu'à l'endroit où se trouve El Manbar et provoqué des dégâts, ont indiqué des témoins cités par des médias palestiniens et étrangers. « Des tapis de prière ont été partiellement brûlés », selon les mêmes sources. Les affrontements se sont poursuivis dans la matinée à l'extérieur sur le parvis de la Mosquée et les forces d'occupation ont utilisé des grenades lacrymogènes et assourdissantes contre des fidèles, dont certains, - 35 selon des sources palestiniennes -, ont été blessés et évacués à l'hôpital. La tension était palpable ces derniers jours. Dans une énième provocation, le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, a déclaré, mercredi dernier, « illégal » le mouvement des « mourabitoun », le groupe de fidèles qui défend la Mosquée et son parvis régi, en principe, par un statut quo hérité du conflit de 1967 : juifs et musulmans peuvent s'y rendre mais les juifs n'ont pas le droit d'y prier. Ils le revendiquent, cependant, inlassablement ces derniers temps. Le président palestinien Mahmoud Abbas a condamné « fermement » la nouvelle attaque israélienne. « Al Qods-est et les Lieux Saints chrétiens et musulmans constituent une ligne rouge, nous ne laisserons pas passer des attaques contre nos Lieux Saints », a-t-il prévenu dans un communiqué. Son porte-parole, Nabil Abou Roudeina, a exhorté « le monde arabe et musulman, ainsi que la communauté internationale à s'atteler immédiatement à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses tentatives perpétuelles de judaïser la mosquée Al-Aqsa ». « Ces attaques sont très dangereuses et menacent la sécurité et la stabilité de toute la région », a-t-il poursuivi. « Le président Mahmoud Abbas mène des contacts intenses avec la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique pour faire face aux attaques pour la judaïser auxquelles Al-Aqsa fait face ». Son parti, le Fatah, a appelé à la mobilisation générale dans les territoires de 1948 et en Cisjordanie pour la défense de ce site sacré. Le porte-parole du mouvement, Raafat Alyane, a souligné que la mosquée Al-Aqsa faisait face à des agressions répétées qui « imposent la mobilisation générale ». « L'occupation israélienne est allée très loin dans les agressions contre al-Aqsa » qui sont désormais menées « sous le parrainage gouvernemental officiel » a-t-il déclaré en saluant les mourabitoune, femmes et hommes, qui défendent al-Aqsa ». Ces agressions, a-t-il ajouté, sont « d'une extrême gravité » et « heurtent les sentiments des musulmans du monde entier » appelant, de son côté, la communauté internationale à agir. La Jordanie, gardienne des Lieux Saints musulmans d'al Qods, et l'Egypte, les seuls pays arabes à avoir signé des accords de paix avec Israël, ont condamné rapidement la nouvelle agression contre la Mosquée. En novembre dernier, Amman avait rappelé son ambassadeur durant trois mois pour protester contre une incursion et la fermeture d'une journée du Lieu Saint. Si la situation s'est apaisée depuis, la nouvelle escalade fait redouter une nouvelle crise diplomatique alors qu'autorités palestiniennes, pays arabes et même diplomates occidentaux mettent en garde de façon de plus en plus pressante contre une volonté israélienne de bouleverser le statu quo.