Le quartette qui redonne de l'espoir pour le règlement de la crise syrienne reprend du service. Les chefs de la diplomatie russe, américain, saoudien et turc vont se rencontrer de nouveau à Vienne, aujourd'hui, et seront rejoints, à l'invitation des Etats-Unis, par leurs homologues iranien, égyptien, irakien et libanais. C'est dans ce format « plus large », espéré autant par Moscou que par Washington, que le compromis de Vienne prend plus d'épaisseur et atteste du consensus à statut massif naissant qui gagnerait, aux yeux de Sergueï Lavrov, à se renforcer par la présence significative des membres du Conseil de sécurité. Cette approche qui a prononcé l'enterrement première classe des « faucons » pourrait impliquer dans le grand échiquier syrien des pays comme la France et la Grande-Bretagne en perte de vitesse et, surtout, le géant chinois, ainsi que d'autres acteurs régionaux à la peine. Tout l'enjeu de Vienne II réside dans la mise en place des conditions objectives d'une transition consensuelle débarrassée des conditionnalités et tendue vers la relance du processus politique. Il apparaît clairement, à cet effet, que le sort de Bachar El Assad a survécu aux divergences opposant le camp occidental et ses alliés régionaux, acquis au préalable du départ sans concession, et la Russie plaidant pour le dialogue sans exclusive associant le gouvernement syrien et un « large spectre » de l'opposition. La présence de l'Iran, validée en définitive par Washington et confirmée par Téhéran, constitue assurément une avancée majeure pour un dialogue conforté par l'infléchissement de la position américaine désormais favorable à une participation de Bachar El Assad aux premières phases des négociations. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki- Moon, se déclare convaincu du « rôle clé » des Etats-Unis et de la Russie. « Si les deux trouvent une façon de travailler ensemble (...), nous pourrions trouver une solution », a-t-il insisté lors d'un débat à Genève sur la crise des réfugiés syriens organisé par le groupe de sages dit des Elders (créé en 2007 par Nelson Mandela) qu'il préside. Le tournant diplomatique a fragilisé la démarche de Paris convoquant la veille un « diner d'affaires » avec « les principaux partenaires » (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Jordanie, Qatar, Turquie, Allemagne, Etats-Unis, Italie et le Royaume Uni) pour prôner une transition sans Bachar El Assad. Une démarche réfutée par les anciens Premiers ministres Alain Juppé et François Fillon criant à la débâcle diplomatique et dénoncée par la délégation de 3 députés de droite, présents à Damas. Le député du Parti chrétien-démocrate, une petite formation satellite du parti Les Républicains (LR), Jean-Frédéric Poisson, a affirmé, peu avant son arrivée à Damas, qu'une solution au conflit en Syrie devait passer par un dialogue avec Bachar Al Assad « qui est en place et qui est élu par le peuple syrien ». Damas peut rêver d'une paix a portée de dialogue.