Quelles questions avons-nous le devoir de poser au vu de la situation qui prévaut en Algérie depuis un peu plus d'une semaine maintenant ? Par quoi expliquer qu'un pays qui, depuis cinq ans, ne connaît pas de répit à œuvrer pour créer les indispensables mécanismes de régulation économiques et financiers pour instaurer une véritable politique de redistribution des revenus, le plus équitable possible ? Justement, par quoi ? Et pour ceux qui l'ignoreraient encore, l'Algérie n'est pas aveugle, elle a appris depuis longtemps à faire la distinction entre les recettes financières provenant des hydrocarbures et la richesse véritable que traduit en nombre d'emplois créés. Toutes ces politiques sont aujourd'hui en état de marche et les résultats qu'elles produiront convergent tous à améliorer le bien-être de l'homme. Des milliards de dollars ont été ainsi investis dans le plan quinquennal en cours et c'est ce qui trouble l'esprit de l'Algérien moyen qui se pose des questions en se demandant pourquoi autant de techniciens étrangers désertent leur pays pour venir travailler en Algérie, sans citer les émigrés naguère jalousement implantés en France et ailleurs et qui ont choisi de revenir dans le pays. Pendant, qu'à l'inverse, la jeunesse algérienne, pas toute heureusement, emprunte l'itinéraire inverse pour aller ramasser les miettes tombant des tables du pays d'accueil, ou à faire les soutiers dans des pays qui n'ont jamais cessé de les mépriser. Cet Algérien, l'atavisme aidant, a-t-il regretté, après les durs sacrifices encourus par le peuple algérien pour l'indépendance, que son pays ait réussi à rétablir sa souveraineté pleine et entière sur son territoire et les richesses de son sous-sol ? Si c'est bien son choix, qu'il continue d'aller faire la manche outre-Méditerranée et, à défaut, de persévérer en s'offrant comme repas réguliers aux squales de la mer intérieure. Dans pratiquement les mêmes termes, se posent les questions à propos de ces contingents de jeunes à l'orée du déracinement et des voyous largement accomplis qui se sont donnés en spectacle dans plusieurs quartiers de villes comme Alger, Bejaïa, Oran...ces derniers jours. Au début de la chienlit, les observateurs avaient cru qu'ils avaient affaire à des individus mal informés des procédures d'attribution de logements neufs et qui, en s'éveillant, se sont ébranlés pour aller exiger leur dû auprès des institutions de l'Etat. En fait, la réalité est tout autre. Les enquêtes judiciaires et les garde à vue en cours nous apprendront que ces manifestations n'ont rien à voir avec une quelconque génération spontanée. Organisées de longue main, en décortiquant la nature de leur base de soutien, on aura le loisir de découvrir des éléments sociologiques étonnants, en d'autres termes, des frustrés de toutes tendances. Des frustrés politiques dont la nébuleuse, après avoir massacré des milliers de morts au nom de son Dieu spécifique, s'est reconvertie en s'attaquant à nos enfants par un endoctrinement auquel l'école n'avait pas été préparée ou n'a pas su parer. Mais attention, ils ne sont pas les seuls en lice ! Car il y a aussi ceux qui, en apprenant qu'un certain courant dont les apprêts s'inspirent en droite ligne de l'école coloniale française, cherchent, en s'associant à cette chienlit cyclique, à savoir si leur assiduité à la marge des principes sur lesquels a été fondée la République algérienne, ne les conduirait pas à renforcer à échéance la tendance visant à la démanteler pour la transformer en petites principautés étrangères les unes aux autres. Il y a aussi ceux qui, disons-le net, qui n'ont jamais cessé de guigner vers le pouvoir central en attendant qu'il leur tombe comme un fruit mûr entre les mains. Mais qui, dans la perspective qu'ils se sont tracée, estiment qu'il faut perturber le pouvoir en place pour que ses succès multiformes, grâce à une gouvernance sage et équitable, soient les moyens par lesquels le pouvoir séduirait l'opinion publique. Ces frustrations ajoutées à une palette encore plus large de récriminations ne peuvent pas ne pas alimenter des intentions aussi malsaines qu'imprévisibles. Et, enfin, il y a les déçus du pouvoir, ces nouveaux empêcheurs de tourner en rond qui, grâce à la liberté d'expression, ne cessent de donner des leçons de gouvernance par le truchement de certains journaux qui leur ouvrent généreusement leurs colonnes.