La formation est très négligée en Algérie. Ce qui a influé négativement sur beaucoup d'athlètes talentueux. Quelle analyse faites-vous sur cette situation ? La jeunesse algéroise en est le meilleur exemple, puisque la plupart des sportifs sont éparpillés et parfois engagés dans des équipes où la structuration et les moyens humains qualifiés et financiers font défaut. Il faut avant tout savoir comment faire la séparation entre la pratique sportive de performance et celle de loisirs. Il faut commencer la formation par la base avec deux années minimum d'éducation physique et sportive. Après, les experts interviennent pour faire la bonne orientation du jeunot vers différentes disciplines selon le talent et le profil adéquats. Malheureusement, nous avons délaissé le secteur sportif dans le milieu scolaire. C'était l'âme de la pratique sportive au niveau d'Alger et même au niveau national durant des années. La formation coûte beaucoup aux clubs formateurs, qui perdent les athlètes qu'ils ont formés dans les jeunes catégories au profit des autres clubs qui ont les moyens. Etes-vous pour l'indemnisation des clubs formateurs ? La performance a toujours été le fruit du travail à la base fait par les clubs formateurs. Durant les années 70, 80 et 90 et même au début des années 2000, le réservoir des jeunes talents a été quasiment épuisé. Actuellement, le club formateur trouve du mal à conserver ses athlètes vu le peu de moyens. Ce qui engendre également un manque flagrant de matériel pédagogique. Le sport individuel est une exception, pour former un champion mondial, il faudra prendre en charge au moins 5.000 jeunes talents durant des cycles olympiques. Donc, la masse est la clé de l'émergence des champions et de la performance. Pensez-vous que le nombre d'installations sportives au niveau d'Alger est suffisant ? Le nombre est loin d'être suffisant. Vous trouverez dans des communes ou il y a 35.000 jeunes une seule salle et un terrain. Comment voulez-vous les canaliser et mieux profiter de cette infrastructure. Il y a saturation, et parfois des séances sont reportées ou carrément annulées. J'ai toujours souhaité qu'il y ait dans chaque commune une piscine olympique et une salle de sports, notamment celles destinées aux sports de combat. Avez-vous des athlètes sélectionnés en équipes nationales ? Il y a les effectifs de l'escrime qui alimentent les équipes nationales. Cela revient à la très bonne coordination entre la Ligue d'Alger et la Fédération avec la mise en place d'une salle fédérale au niveau du centre Ahmed-Ghermoul. L'enceinte est équipée d'un matériel sophistiqué. Le club met assure toutes les commodités comme le transport et les tenues, alors que le matériel et l'infrastructure reviennent à la Ligue et à la Fédération. Notre club compte dans ses effectifs des champions, notamment dans les jeunes catégories. D'ailleurs, NOSA Hammamet occupe la 3e place au niveau national sur 28 clubs. Nous ne sommes devancés que par le MCA et le GSP. Quels sont vos objectifs à court, moyen et long termes ? Notre principal objectif est de former les jeunes talents. Nous œuvrons pour que le sport devienne un bouclier contre les fléaux sociaux. Le grand travail que nous avons fait au niveau de l'escrime est possible dans d'autres disciplines. Mais cela nécessite un soutien financier. Nous ne voulons pas nous presser concernant la performance. L'athlète, avant qu'il intègre la catégorie seniors, doit passer par des étapes. Avez-vous été soutenus financièrement ces derniers temps ? L'exercice 2015 a été marqué par un soutien financier de la part de l'APC d'Alger-Centre et la Direction de la jeunesse et des sports d'Alger. Une aide conséquente qui nous a facilité la tâche dans nos différents déplacements et l'organisation de plusieurs opérations. Si les ressources restent instables, nous ne pourrons pas fixer des objectifs à long terme. Un dernier mot ? Comme je l'ai dit lors des portes ouvertes sur le club, les portes du NOSA Hammamet resteront toujours grandes ouvertes. Je remercie tous les parents des actuels adhérents pour l'intérêt qu'ils donnent au parcours de leurs enfants. D'ailleurs, la majorité vient régulièrement assister aux manifestations et aux entraînements de leurs enfants. Un tel engouement encourage davantage l'enfant à aller loin dans son sport préféré. Je lance un appel aux autorités pour que le sport dans le milieu scolaire soit relancé dans les 48 wilayas. Le sport scolaire recèle actuellement dix fois le nombre de talents qui existaient auparavant. Si nous avons pu détecter dans le passé un génie sur 1000 athlètes, nous pourrons maintenant faire sortir un champion ou plus sur 100 pratiquants.