L'ONU a suspendu, mercredi dernier, les pourparlers sur la Syrie à Genève. Après six jours de tergiversations et de rendez-vous annulés ou reportés, l'émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura, a annoncé une « pause » dans le processus de discussions. « J'ai conclu, après une première semaine de discussions préparatoires, qu'il y a encore du travail à faire, non seulement par nous, mais par toutes les parties prenantes », a-t-il déclaré, renvoyant la balle dans le camp des grandes puissances du Groupe international de soutien à la Syrie, qui doivent se réunir le 11 février à Munich. Le diplomate onusien s'est toutefois refusé à parler « d'échec » et a déclaré avoir fixé la date du 25 février pour une reprise des discussions. Au même moment l'armée syrienne, appuyée par les frappes russes, effectuait une importante percée militaire à Alep (nord). Elle a réussi à resserrer l'étau mercredi dernier autour des rebelles et pris plusieurs villages et localités dans le secteur. Paris et Washington ont dénoncé ces frappes et ont lié le naufrage du processus de Genève à la situation sur le terrain. Les Etats-Unis ont dénoncé les « messages dissonants » qu'enverrait la Russie sur le conflit syrien, Moscou assurant œuvrer à une solution diplomatique, tout en poursuivant ses bombardements militaires contre des groupes d'opposition. « Le monde entier voit qui a fait capoter les négociations, qui bombarde les civils et fait mourir de faim la population », a lancé M. Hijab, un représentant de l'opposition. « Depuis son arrivée, la délégation de l'opposition a refusé de prendre part à des discussions sérieuses avec l'émissaire de l'ONU », a répliqué l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar al-Jaafari. Des milliers de Syriens fuyaient, hier, l'offensive de l'armée syrienne. Face à cet afflux, la frontière turque est restée fermée près de Kilis (sud), la ville la plus proche d'Alep. Aucune entrée ou sortie du territoire turc n'était autorisée en début de matinée. « Environ 10.000 personnes venues d'Alep attendent aujourd'hui à la frontière pour entrer en Turquie. Le monde, hélas, se tait », a déploré, jeudi dernier au soir, le président turc, Erdogan, en visite en Equateur. Enfin, l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a réclamé, jeudi dernier, 87 millions de dollars à la conférence des pays donateurs pour la Syrie, réunis à Londres afin de soutenir des millions de personnes vulnérables. Cette somme doit permettre d'aider « 2,9 millions de personnes vulnérables et leur assurer un meilleur accès à la nourriture, une meilleure nutrition et des revenus en 2016 », explique l'agence dans un communiqué.