La Russie a exprimé, hier, ses « regrets » après le rejet au Conseil de sécurité de l'ONU de son projet de résolution visant à faire cesser les opérations militaires de la Turquie en Syrie. Elle a assuré qu'elle allait continuer d'aider la Syrie à combattre les « terroristes ». Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, « la Russie poursuivrait sa politique visant à assurer la stabilité et l'intégrité territoriale de la Syrie. « Le Kremlin est préoccupé par la montée des tensions à la frontière syro-turque », a-t-il indiqué, en qualifiant d'« inacceptables » les tirs d'artillerie turcs contre les milices kurdes à travers la frontière avec la Syrie. « La Russie n'entend pas cesser son aide à l'armée syrienne dans son offensive contre les terroristes. La Turquie a étendu ses bombardements à plusieurs secteurs de la province d'Alep, dans le nord de la Syrie, contrôlés par les forces kurdes syriennes, qu'elle accuse d'être derrière un attentat meurtrier à Ankara mercredi dernier. Cette semaine, Ankara a également plaidé pour une intervention militaire terrestre de la coalition internationale en Syrie, rendant encore un peu plus improbable la perspective d'une trêve dans les combats. Les Faucons de la liberté du Kurdistan, un groupe proche des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui ont revendiqué, vendredi dernier, l'attentat, ont mis en garde les touristes étrangers contre les risques de nouvelles attaques en Turquie. La Russie, alliée de la Syrie, avait convoqué, vendredi dernier au soir, des consultations d'urgence au Conseil de sécurité de l'ONU pour soumettre un texte demandant à Ankara de cesser ses tirs sur les milices kurdes et d'abandonner ses projets d'offensive terrestre en Syrie. Mais la France, les Etats-Unis et d'autres pays membres du Conseil ont rejeté ce projet de résolution. Les Occidentaux, notamment l'Union européenne et Washington, tout comme Ankara exhortent également la Russie à cesser ses bombardements en Syrie qu'ils considèrent comme des attaques visant en premier lieu l'« opposition modérée ». La Russie mène des frappes aériennes en Syrie depuis fin septembre, à la demande du régime syrien. Dans ce conflit que tout semble alimenter, l'évolution au plan humanitaire et les perspectives sont loin d'être réjouissantes. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit « profondément alarmé » par la situation dans la province d'Alep « où les combats s'intensifient, où les hôpitaux et le personnel de santé sont visés, où les habitants n'ont ni eau ni électricité et où plus de 70.000 personnes ont fui leurs maisons ». Le président français, François Hollande, a exprimé, hier, sa « préoccupation » concernant la situation humanitaire en Syrie, en particulier à Alep, encerclée par les troupes syriennes. Après avoir reçu plusieurs personnalités françaises signataires d'un appel concernant le siège d'Alep, M. Hollande a fait part de « la mobilisation de la France, dans le cadre des Nations unies et avec ses partenaires, pour répondre à l'urgence humanitaire et créer les conditions d'une stabilisation durable de la Syrie par une transition politique négociée ». D'autre part, l'Arabie saoudite a prôné, elle, la fourniture de missiles sol-air aux rebelles syriens, tout en précisant qu'une telle décision appartient « à la coalition internationale », dans un entretien au magazine allemand Spiegel paru hier. Le sort de la Syrie sera-t-il déterminé par l'issue des batailles sur le terrain ?