Les raisons de cette décrépitude sont multiples, mais au-delà des griefs retenus contre les autorités publiques, tant au niveau local que national, notamment au sujet de leur restauration, la société civile locale, à travers une armada d'associations hyperactives, semble déterminée à sauver ce qui reste de ces pans entiers de notre identité culturelle. Après avoir sillonné, samedi et dimanche derniers, plusieurs ksour et zaouias de Ouargla dont celui de N'goussa, le plus ancien de la localité, la caravane des ksour de l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC) a débarqué, lundi dernier, à Touggourt. L'occasion pour les participants (les représentants de l'Agence nationale des secteurs sauvegardés, le Centre national de l'architecture de la terre, l'Université de Biskra et la presse nationale) de découvrir la richesse du patrimoine culturel, matériel et immatériel de cette région connue pour ses sites archéologiques et sa culture mystique. Lors d'une cérémonie officielle organisée par la wilaya déléguée de Touggourt, le secrétaire général de la circonscription, Azzedine Lakhdar, qui chapeaute l'évènement avec la wilaya de Ouargla et l'OGEBC, a salué les initiateurs de la caravane qui vise, selon lui, à mettre en valeur l'héritage culturel multiforme de la localité et booster l'activité touristique. Entre richesse et... détresse Considérée comme la plus ancienne mosquée de la région de Oued Righ, Djamaâ El Aâtiq, construite entre 1733 et 1800, par le sultan Ibrahim Ben Djellab El Marini, dont la dynastie a régné pendant des siècles sur toute la région, plastronne sur la vieille ville aux côtés du ksar Mestaoua. Les membres de la caravane ont pu découvrir le prestige de l'architecture islamique locale de ce haut lieu civilisationnel qui a donné à l'Algérie de prestigieux érudits tels Mahmoud Ben Abdelkrim El Maghili, Mohamed Ben Brahim El Fassi, Mohamed Tahar Labidi et plus tard, Tahar Belaboudi, Taleb Bakala, Ahmed Djari... Le fondateur de l'Association des oulémas algériens, Abdelhamid Ben Badis, y a passé quelques jours. Néanmoins, malgré son lustre culturel, la mosquée souffre de dégradation et risque, selon le président de l'association El Djamaâ Al Aâtiq, de connaître le sort de plusieurs ksour. « Les travaux de restauration que nous avons engagés sur le plan local ont été interrompus par la direction de la culture qui se pose comme l'unique autorité dont relève cette mission », a-t-il indiqué en faisant part de la disposition de la population locale à prêter main forte aux autorités locales, « mais les travaux sont à l'arrêt depuis 2011 et aucun signe de reprise ne nous a été signifié », déplore-t-il. De son côté, le chercheur en histoire, Abdelghani Debba, explique la détérioration des monuments historiques notamment les ksour, par l'abandon de la population locale qui y a habité des siècles durant en reprochant aux pouvoirs publics de ne pas encourager leur retour à travers la restauration des lieux. Pas oin de la mosquée, se trouve le mausolée où sont enterrés vingt-deux rois de la dynastie des Beni Djellab qui a été particulièrement appréciée par les hôtes de Touggourt. Idem pour la zaouia El Aâbidia qui a ouvert ses portes aux visiteurs qui ont été éblouis par l'attachement des Touggourtois à leur tradition mystique vieille de plusieurs siècles. La région de Touggourt compte plusieurs zaouias à l'image de la zaouia Sidi Cherif qui représente la Tariq El Qadiria contrairement à la plupart des zaouias de Ouargla et de Touggourt représentant la tradition Tidjania.