Photo : Slimene S.A. Les prix de cession du ciment au niveau de points de vente a enregistré une baisse importante, deux semaines après la mise en application des mesures d'assainissement des circuit de commerce. Ainsi, le sac de ciment qui a atteint le record de 750 DA chez les revendeurs de matériaux de construction, il y a un mois, est aujourd'hui à 500 DA pour le produit Orascom (privé) et 450 DA pour celui des Cimenteries de Chlef (publique), ce qui est très appréciable pour un marché capricieux durant l'été, période des congés. Pour les spécialistes, les deux produits sont cotés différemment pour une question de demande. Il faut savoir que certains points de vente ont reçu des « visites musclées » des brigades de contrôle, nous a confié un revendeur qui lie cette baisse, d'une part, à l'application du nouveau système des marges dictées par le gouvernement et à « l'alignement des grossistes, surtout sur cette mesure », nous explique ce revendeur pour qui la baisse est « une opportunité de vendre plus ». Avec la flambée enregistrée la veille du Ramadhan, « la plupart des clients ont laissé tomber les travaux », explique-t-il. Il ajoute que la marge est appliquée, à leur niveau, à raison de 30 DA pour le dépôt et 30 DA pour le transporteur. Quant au prix d'équilibre du sac de ciment, il n'a jamais été clair augmentant d'année en année au gré de la conjoncture selon la demande du marché. La question se pose cependant : jusqu'où ira cette baisse ? Si l'on se fie aux prix déclarés par les cimenteries publiques ou privées, le sac de ciment ne devrait pas dépasser les 400 DA. Celui-ci serait déclaré prix usine entre 230 et 280 DA, s'ajoutent les 100 DA de marge. Selon un entrepreneur du secteur du BTP, l'embellie n'est due en fait qu'à « une situation de baisse saisonnière de la demande » avec un rythme chantier très marqué pendant le Ramadhan. Tout dépend de «l'offre qui doit être réelle». Celle-ci est « généralement perturbée par les programmes de maintenance », ce qui fait souvent l'affaire des distributeurs qui « achètent les bons d'enlèvement au noir ». Résultat, une hausse payée par le consommateur final. En fait, le niveau de la production du ciment en Algérie reste problématique malgré un potentiel de 12 cimenteries d'Etat auxquelles s'ajoute le privé Orascom. Il se situe entre 12 et 13 millions de tonnes alors que « la demande culmine à 20 millions », selon certaines estimations. Un chiffre qui n'est pas loin de la réalité avec les divers programmes d'habitat et d'infrastructures. Autre anomalie, l'Algérie en a même exporté en 2006. Cela dit, l'intervention énergique de l'Etat n'est pas fortuite. Elle s'impose dans ce marché censé être libre puisque la production de ciment est subventionnée par des ristournes directes ou indirectes, des exonérations, telle l'énergie. Le gouvernement confronté au même problème de spéculation n'a-t-il pas réussi à dompter le marché du rond à béton, il y a une année, par des mesures de contrôle similaires ? Devant le niveau des prix exceptionnels qu'avait atteint le sac de ciment en Algérie, le ministère du Commerce a pointé du doigt les spéculateurs, appelant ces derniers à respecter les nouvelles marges applicables en vigueur et fixées par le décret exécutif du 22 juillet 2009. Il a fallu attendre à la dernière semaine d'août pour voir le ministère inviter d'une manière énergique les commerçants grossistes et détaillants ainsi que les importateurs intervenants dans la vente de ce produit, qu'il a qualifié de stratégique, à « veiller au strict respect des marges plafond fixées par le nouveau cadre réglementaire ». Ces marges plafond brutes applicables à la commercialisation du ciment au stade de gros et de détail sont fixées respectivement à 80 et 120 DA le quintal, 40 et 60 DA le sac de 50 kg. Le ministère, qui avait menacé de sanctions les intervenants, a expliqué du coup que le dispositif réglementaire mis en place avait pour objectif « l'assainissement et l'organisation des circuits de distribution du marché du ciment ». Le département de M. Djaaboub a reconnu que l'approvisionnement en ciment qui connaît «des perturbations récurrentes» est préjudiciable à la réalisation des projets socio-économiques inscrits dans les différents plans de développement.