Dans cet entretien, le président de l'Organisation nationale des zaouias, Abdelkader Bassine, met en exergue le rôle des zaouias dans la préservation de la paix et de l'unité nationale. Selon lui, les zaouïas sont mobilisées, notamment en cette période sensible, sur le plan sécuritaire. On assiste à un retour en force des zaouias sur la scène nationale à travers des séminaires internationaux sur la lutte contre l'extrémisme religieux. S'agit-il d'une prise de conscience ? Les zaouïas ont prouvé leur efficacité dans la lutte contre l'extrémisme religieux et l'endoctrinement lors de la décennie noire marquée par les assassinats, les viols, les enlèvements, les massacres et les actes de destruction. La période n'était pas facile mais je tiens à signaler qu'aucun étudiant de la zaouïa n'a rejoint les rangs des groupes terroristes ou n'a été impliqué dans un acte terroriste. Et cela grâce à l'enseignement qui a constitué une immunité pour les étudiants des zaouïas. Aujourd'hui, la situation sécuritaire, notamment au niveau des frontières, exige de nous une large mobilisation. Nous avons décidé de réagir car les zaouïas sont des casernes spirituelles, plutôt un concepteur de sécurité de l'Algérie. Vous pensez que les zaouïas peuvent aujourd'hui jouer ce rôle et mobiliser les jeunes ? Grâce à leur capital et à leur expérience, les zaouïas ont largement contribué à renforcer l'immunité du pays et la consolidation de l'unité nationale. Elles ont réussi à transmettre un islam de paix, de tolérance, loin de toute forme de violence. Les zaouïas ont joué un rôle important dans l'unification des Algériens autour de la résistance contre l'occupation française et ont également contribué dans la réussite de la réconciliation nationale suite à un travail religieux inspiré des préceptes de l'islam et le rejet de tout acte de violence, y compris à l'étranger. Les zaouïas sont ancrées dans l'histoire de l'Algérie par leurs œuvres éducatives et spirituelles et ce capital leur permet de jouer leur rôle aujourd'hui. Les rencontres sont-elles organisées par le ministère des Affaires religieuses ? Je tiens à préciser que les zaouïas sont indépendantes et ne sont soumises aux chouyoukh. Mais quand il s'agit de l'intérêt du pays, nous n'hésitons pas à informer les responsables dont le ministère des Affaires religieuses qui est la tutelle des mosquées, pour un travail commun et une coordination sur le terrain avec les imams. Nous ne pouvons pas rester en marge de la société. Les zaouïas organisent des rencontres pour vulgariser les vraies valeurs de notre religion qui cultive la tolérance et l'esprit patriotique. Aujourd'hui, plus que jamais, les mosquées et les zaouïas doivent conjuguer leurs efforts au regard de la situation dégradée que vivent certains pays arabes. Il est nécessaire de lutter contre la violence ede t combattre toute forme d'extrémisme et de division qui menaceraient l'intégrité et la cohésion de la société. Nous comptons 700 zaouïas à travers le territoire national, qui sont fréquentées par des élèves des différentes régions. Ces zaouias véhiculent des messages de tolérance pour faire face au radicalisme. Quel est votre plan d'action dans la lutte contre l'extrémisme religieux ? Notre action s'articule essentiellement sur la sensibilisation contre les dangers de l'extrémisme religieux notamment sur la souveraineté et la stabilité du pays, tout en prêchant un islam de paix. Car même les attaques terroristes n'ont aucune relation avec l'islam et ses vraies valeurs. L'islam parle de « ibadi » (mes sujets) quand il s'adresse aux gens, il ne dit pas « vous, les musulmans » ; il ne personnalise pas car, pour Dieu, l'humain est sacré.