Moubarak ne lâche pas. Les jeunes manifestants qui occupent, depuis 15 jours, la place Tahrir, non plus. Le raïs égyptien donne l'impression de se soucier peu des pressions, internes et externes, qui s'exercent sur lui, et parait bien décidé à poursuivre sa tâche présidentielle jusqu'à la fin de son mandat comme il l'a promis dans son dernier discours. En plus des négociations qu'il a engagées, par la voie de son vice-président et bras droit, Omar Souleimane, avec quelques formations politiques, dont les Frères musulmans, pour tenter de mettre fin au soulèvement populaire qui réclame sa tête, Hosni Moubarak est revenu lundi dernier sur la scène, multipliant les gestes de bonne volonté. Il a promis une hausse de 15% des salaires des fonctionnaires et des retraites à partir du 1er avril prochain. De même qu'il a demandé la formation d'une commission d'enquête sur les violences de mercredi dernier perpétrés à la place Tahrir, où des affrontements meurtriers ont opposé partisans et détracteurs du régime. Ce n'est pas tout. Omar Souleimane, sur instruction du président contestée, a annoncé hier la formation d'une commission en vue d'amender la Constitution. M. Moubarak a «signé un décret présidentiel en vertu duquel il a formé une commission qui aura pour mission d'apporter des amendements à la Constitution». Les amendements qui font, entre autres, l'objet du dialogue engagé avec l'opposition, sont liées au nombre de candidatures à la présidentielle ainsi qu'au mandat présidentiel, alors que l'élection est prévue en septembre prochain.Visant à apaiser les esprits, les nouvelles manœuvres du régime n'ont pas engendré l'effet escompté. La nouvelle coordination des jeunes manifestants qui se pose comme le seul et unique représentant du mouvement, refuse tout compromis avec le pouvoir tant que Moubarak demeure dans ses fonctions. Pis, la nouvelle organisation refuse que les partis politiques s'expriment en son nom, coupant ainsi l'herbe sur les tentatives de manipulations qui visent à diviser le mouvement. D'où le retrait des Frères musulmans de la table des négociations, craignant de perdre toute crédibilité avant les échéances électorales à venir. Sur le plan diplomatique, le président Moubarak ne reste pas immobile. Il a reçu hier le ministre émirati des Affaires étrangères, donnant ainsi l'image d'un président qui exerce ses fonctions le plus normalement du monde alors que le célèbre journal allemand Der Spiegel, parle d'un départ imminent du raïs égyptien pour un long «séjour à l'hôpital» en Allemagne. Ce plan aurait fait suite à des tractations entre l'armée égyptienne et l'administration Obama. Cela intervient alors que les Etats-Unis paraissent incapables de trouver une issue à la crise : «La question se poserait de savoir si l'Egypte est prête aujourd'hui à avoir des élections concurrentielles et ouvertes, sachant que le passé récent a montré, très honnêtement, que les élections n'avaient pas vraiment été libres et justes. Je pense que ce serait une entreprise ambitieuse», a déclaré lundi le porte-parole du département d'Etat américain, Philip Crowley.