Au moment où la bataille d'Alep fait rage, le médiateur de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, ne désespère pas de ramener à la table des négociations les parties au conflit. De Rome, il a estimé que le moment était « crucial ». C'est entre « maintenant et septembre que la fenêtre entrouverte peut aboutir à une transition négociée en vue de l'éradication du terrorisme », dira-t-il. Mais la tâche ne s'annonce guère aisée au regard des violations incessantes de la trêve prolongée pour la 3e fois par Damas, jusqu'à jeudi prochain. Des combats continuent de faire rage autour de la citadelle d'Alep dont le contrôle des voies d'accès stratégiques des fermes de Mallah et de Castello tombées aux mains du régime a fait l'objet d'une double offensive désespérément menée par Jaïch El Islam et son allié du Front Nosra. Plus de 60 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées ces derniers jours. Alep est de fait le principal champ de bataille de l'armée gouvernementale et des rebelles en perte de vitesse. D'un autre côté, Moscou n'a pas manqué d'exprimer son pessimisme à l'endroit de l'envoyé spécial onusien accusé de se « défausser de ses responsabilités ». En visite à Bakou (Azerbaïdjan), le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fustigé Staffan de Mistura qui « ne parvient pas à convoquer la prochaine table des négociations entre Syriens ». Il a adressé des critiques acerbes contre ce qu'il considère comme une mauvaise approche plaidée par l'envoyé onusien selon laquelle la relance des pourparlers intersyriens est tributaire d'un accord entre la Russie et les Etats-Unis. A deux jours de l'arrivée du secrétaire d'Etat, John Kerry, à Moscou, l'accent est surtout mis sur l'engagement américain sur la lutte contre le terrorisme qui sera au cœur des discussions. « En janvier dernier, les Etats-Unis avaient promis que tous les combattants coopérant avec Washington se retireraient des lieux occupés par Al-Nosra, mais jusqu'à présent, ça n'a pas été fait », a souligné Lavrov. Cette « promesse » américaine aboutira-t-elle à une intervention militaire coordonnée contre le Front Nosra et l'Etat islamique ? Le scénario n'a pas été encore validé par Washington qui s'est contenté de mettre en avant « des options, des alternatives et des propositions en ce qui concerne Al-Nosra et l'Etat islamique ».