Alger vient, tout fraîchement, de réceptionner une belle et grande infrastructure dédiée aux arts. Il s'agit de l'Opéra, premier édifice de ce genre, appelé à hisser la culture algérienne au niveau mondial. Situé à Ouled Fayet, à l'ouest d'Alger, le choix du site est, en lui-même, une belle réussite. Ce grand édifice culturel a été officiellement inauguré le 21 juillet dernier par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, accompagné du président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed Larbi Ould Khelifa, de membres du gouvernement, de l'ambassadeur de Chine et des représentants du corps diplomatique accrédité à Alger. A cette occasion, l'orchestre symphonique national (Osn), accompagné d'une pléiade de chanteurs, a animé un spectacle grandeur nature revisitant tous les genres musicaux algériens. Sa position à la croisée de deux importantes autoroutes lui donne l'avantage de la facilité d'accès et du stationnement. L'édifice est réalisé sur un plateau vague, plat et totalement isolé des grands bruits de la ville et des embouteillages interminables de la capitale. S'ajoutent à la beauté du site la verdure et le calme qui inspirent la sérénité et l'aident à l'ouverture de l'esprit et à la créativité. En un mot, c'est l'endroit idéal pour méditer et faire explorer toutes les potentialités artistiques des troupes qui se succéderont pour donner le meilleur des arts à des spectateurs exigeants. Don du gouvernement chinois, l'Opéra a été réalisé sur une superficie de 35.000 m2. Il dispose d'une grande salle de spectacle de 1.400 places, de quatre salles polyvalentes d'une capacité variant entre 200 et 400 places. Cet espace est doté de tous les équipements scéniques et audiovisuels et du matériel d'éclairage et de sonorisation, et d'ateliers techniques. « L'Opéra est aussi doté de toutes les infrastructures permettant la préparation et la présentation de tous types d'arts. Nous allons aussi avoir d'autres infrastructures que nous allons exploiter pour des besoins de décor, de maquillage, de menuiserie, de ferronnerie et autres », a expliqué Noureddine Saoudi, directeur de l'Opéra d'Alger, affirmant que son équipe « est encore en phase de découverte de cette infrastructure, dont la construction répond aux normes internationales ». Une nouvelle vision de l'animation culturelle La vision élaborée par le responsable de l'établissement est très innovatrice, courageuse et ambitieuse étant donné qu'« il est hors de question d'accepter une exploitation anarchique de cette structure ». « Nous partons du fait que la culture a une place prestigieuse dans notre société et que nous sommes là pour répondre aux aspirations et aux attentes qui sont d'un niveau très haut », a estimé M. Saoudi. Ainsi, selon cette vision, l'Opéra est appelé à être « un pôle de rayonnement culturel », vu que c'est dans ce site que vont évoluer désormais les trois prestigieux groupes, en l'occurrence l'Orchestre symphonique, le Ballet national et l'Ensemble national algérien de musi-que andalouse. Il se veut être aussi un « pôle de captage et d'éveil » pour l'art et les artistes, étant un espace dédié à la découverte de potentialités des jeunes talentueux dans tous les domaines (chant, musique, nouvel instrument ), où ils peuvent se développer davantage et s'épanouir. L'Opéra se veut être aussi un « centre d'excellence » où toute production artistique doit être au top niveau et à la hauteur de l'art exercé. La stratégie élaborée par le maestro Saoudi compte sur l'apport inestimable de toutes les structures de formation existantes, à l'instar de l'Institut national de musique, le Conservatoire et les autres écoles de musique. Un opéra algérien Monter le premier opéra algérien est la grande ambition du premier responsable de cette structure. « L'Algérie n'a pas produit un opéra, mais plutôt des opérettes. Les Algériens ont besoin de connaître et d'avoir leur propre opéra. L'écho pour ce genre musical existe parmi la population qui souhaite découvrir plus sur cet art », a-t-il indiqué. M. Saoudi partage totalement les avis affirmant que c'est le premier opéra de l'Algérie. « Oui, c'est le premier opéra de l'Algérie indépendante. Le TNA est une structure réalisée durant la période coloniale. Il n'a pas été réservé à la réalisation d'un opéra au sens propre du terme, mais plutôt un espace dédié à tous les arts, dont le théâtre », a-t-il estimé. Il précise que, contrairement aux autres arts, l'opéra nécessite « une préparation très lourde avec une multitude de fonctions que nous sommes appelés à exploiter ». « Nous comptons faire 4 opéras par an », s'est-il tracé comme objectif. A-t-on les moyens et les potentialités de relever un tel challenge ? « Oui et non », répond-il. Ainsi, l'accompagnement de l'Etat durant cette phase de lancement est la première condition pour réussir ce défi. Outre la structure à développer, il est aussi question de rassembler les talents, de faire des recherches sur l'histoire et le patrimoine algériens, et de mettre en place une organisation idoine. Tout cela doit aussi être appuyé par « une grande volonté de vouloir atteindre et s'accrocher au niveau culturel international ». Briser les tabous L'appui de la société pour la réalisation de ce projet est acquis. « Notre société est vivante. Ce peuple a toujours dansé et chanté, et joué de la musique. La citadinité a été mal vécue ces dernières années, mais je crois que les choses commencent à revenir à la normale. Il est temps d'occuper le terrain par le beau, le vrai et l'art authentique pour chasser les esprits mal tournés. Je pense que l'Opéra va jouer aussi ce rôle d'ouverture des esprits », a-t-il indiqué. Outre la confection de projets 100% algériens, l'Opéra présentera des produits réalisés par des groupes étrangers. Ainsi, le spectateur aura l'occasion de voir, à Alger, tous les genres d'opéra produits dans le monde, dont les opéras égyptien, parisien, italien, allemand et autres. L'Opéra se veut être aussi un espace d'attraction et un lieu convivial. Cela va se concrétiser à travers la création de nouveaux espaces d'exposition au hall, de cafés et la réalisation d'un restaurant haut standing. « Il faut assurer une animation permanente à l'Opéra ».