La Tunisie consacre dans toute sa splendeur la solidarité arabo-africaine et une dimension des droits de l'homme qui n'est pas le fait d'une vision discriminatoire ou égocentriste. La nouvelle Tunisie qui entend se projeter dans la construction démocratique a de beaux défis à relever. Et c'est tout à l'honneur de la « Révolution du jasmin », interpellée par le lourd chantier de la transition menant à la constituante et au rendez vous électoral décisif de la mi-juillet, de porter sur ses fragiles épaules la responsabilité historique du drame humanitaire généré par l'afflux massif des dizaines de milliers de personnes fuyant l'enfer libyen. Elle consacre dans toute sa splendeur la solidarité arabo-africaine et une dimension des droits de l'homme qui n'est pas le fait d'une vision discriminatoire ou égocentriste. Le long de la frontière, une foule se presse sur « des kilomètres et des kilomètres », dans des conditions précaires. « C'est vraiment le chaos. En Egypte, quelque 77.320 personnes sont déjà passées et à peu près pareil, peut-être 10.000 de plus, ont pu passer en Tunisie », a déclaré Sybella Wilkes, porte-parole du HCR (Haut commissariat aux réfugiés), ajoutant que « près de 150.000 personnes ont fui la Libye » ces derniers jours. La situation a atteint le seuil critique de 70.000 à 75.000 personnes recensées depuis le 20 février, alors que près de 40.000 autres, notamment des Egyptiens, sont postés de l'autre côté de la frontière libyenne dans l'attente du passage de la délivrance. « Au rythme de 10.000 par jour », selon le chef du poste de commandement des pompiers, le colonel Moez Dachraoui, le scénario d'une « catastrophe humanitaire » n'est pas à écarter. La prise d'assaut du campement de Bir Jedir arrivé à saturation nécessite une mobilisation de moyens adéquats. Un « appel urgent » a été conjointement lancé par le HCR et l'OIM (Organisation internationale pour les migrations) pour une assistance d'urgence et une évacuation de ressortissants de 12 pays. Dans un communiqué, les deux organisations ont demandé à la communauté internationale de « fournir urgemment des moyens financiers et logistiques massifs dont des avions, des bateaux et du personnel spécialisés pour participer à l'effort d'évacuation. » Face à cette situation qui « empire d'heure en heure », l'UE, portant son aide de 3 à 10 millions, le Danemark (8 millions d'euros) et le couple franco-britannique préconisant l'envoi d'avions gros porteur et des navires pour l'évacuation des 5.000 travailleurs égyptiens, ont apporté les premières réponses au défi humanitaire qui se pose à la jeune démocratie tunisienne.