Après le bombardement américain des postions de l'armée syrienne (90 morts) à Deir Ezzor, considéré par Damas comme une « agression flagrante », un autre raid aérien a visé hier un convoi du Croissant-Rouge humanitaire qui a fait 12 morts dans les rangs des bénévoles et des conducteurs de camions, quelques heures seulement après la « fin » de la trêve décrétée par l'armée syrienne. L'espoir de paix, entretenu par le fragile compromis américano-russe, n'a pas tenu. L'exacerbation des divergences entre les parrains de l'accord qui s'accusent mutuellement de manquements aux obligations contractées s'est répercutée sur le terrain des opérations qui a connu une dégradation. « Plus de 40 frappes aériennes ont été relevées par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, dès l'annonce de la fin du gel des combats par Damas pointant du doigt les groupes armés accusés de ne pas respecter une seule disposition de l'accord dont ils se déclarent formellement opposés. Plus de 300 violations ont été commises pendant la trêve qui a favorisé leur regroupement dans la perspective d'une offensive de grande envergure. D'ailleurs, selon un communiqué relayé par les agences officielles russes, « les forces gouvernementales mènent actuellement des combats féroces » pour repousser les groupes armés qui tentent de reprendre l'aéroport et des quartiers périphériques dans le sus-est d'Alep. A la veille du sommet de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, les coups de boutoir font vaciller une trêve qui a failli dans ses objectifs majeurs : l'arrêt des combats pour la relance des négociations et l'acheminement de l'aide humanitaire. Washington, qui a fait porter la responsabilité du raid contre le convoi humanitaire, veut toujours y croire. « La trêve tient mais reste fragile », a déclaré le secrétaire d'Etat John Kerry en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Une rencontre d'évaluation du Groupe international de soutien à la Syrie, regroupant, depuis novembre 2015, 23 pays dont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran ainsi que des organisations internationales, aura lieu mardi prochain à New York. Mais le scepticisme russe fait peser de lourdes incertitudes sur une trêve déjà en lambeaux. De la tribune de l'Assemblée générale, le président français, François Hollande, veut apporter sa contribution pour réanimer l'initiative américano-russe. « J'appellerai devant les Nations unies à ce que nous puissions trouver de nouveau les conditions d'une trêve pour permettre l'accès humanitaire et mettre en place une transition politique », a déclaré le chef de l'Etat français peu après son arrivée à New York. A ne point douter, la question syrienne et son corolaire, la problématique de la migration et des réfugiés, se tailleront la part du lion des travaux de l'Assemblée générale. Dans une déclaration d'intention, faite la veille du sommet, les 193 pays membres de l'ONU se sont engagés à « protéger les droits fondamentaux de tous les réfugiés et migrants », accroître le soutien aux pays d'accueil débordés et promouvoir l'éducation des enfants réfugiés, a déclaré le secrétaire général, Ban Ki-moon, en ouvrant ce premier sommet onusien consacré aux migrations. Le passage à l'acte de la Chine dont le Premier minis-tre, Li Keqiang, a annoncé une contribution de 100 millions de dollars pour l'aide humanitaire aux réfugiés. Fera-t-il réveiller les consciences anesthésiées par l'égocentrisme ? Le haut commissaire aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad al-Hussein, qui a refusé que le conclave onusien soit assimilé à de « l'auto-congratulation et du confort », s'est attaqué avec virulence aux « sectaires et aux escrocs » qui refusent « de partager les responsabilités » du drame au cœur de l'Europe indifférente au naufrage des 7.000 hommes, femmes et enfants, qui ont péri en Médi-terranée. Un drame qui frappe de plein fouet la communauté des nouveaux desperados, forte de 65 millions de personnes déplacées dans le monde, dont 21 millions de réfugiés victimes des guerres néocoloniales provoquées par l'Occident et des inégalités de développement.