La capitale gabonaise était quadrillée, hier, par un imposant dispositif des forces de sécurité après la validation dans la nuit par la Cour constitutionnelle de la réélection du président Ali Bongo Ondimba, dont l'annonce le 31 août avait déclenché des émeutes meurtrières et des pillages. Le rues étaient quasi désertes et les accès au centre-ville étaient jalonnés de barrages de police, de gendarmerie et de l'armée. Les accès au palais présidentiel, sur le front de mer, étaient bloqués par la Garde républicaine. Un hélicoptère de l'armée survolait également la capitale. Les forces de sécurité fouillaient les rares véhicules circulant. La Cour constitutionnelle a rejeté l'essentiel du recours de l'opposant Jean Ping. La Cour, tout en modifiant partiellement les résultats du scrutin du 27 août, a indiqué que Bongo gardait une avance sur son rival, qui s'était proclamé également élu. Appel au « dialogue politique » Dans une salle quasiment déserte, la Cour a indiqué que Bongo avait recueilli 50,66% des suffrages contre 47,24% à Ping, avec quelque 11.000 voix d'avance, contre moins de 6.000 selon les résultats officiels provisoires. Peu après le verdict de la cour, Ali Bongo, élu une première fois en 2009 à la mort de son père, resté au pouvoir 41 ans, a appelé à un « dialogue politique ». Jean Ping devait s'exprimer dans la journée. S'étant lui-même proclamé élu, Jean Ping, ancien cacique du régime passé dans l'opposition, avait déposé un recours devant la Cour constitutionnelle le 8 septembre, tout en jugeant que l'institution était inféodée au pouvoir. Ping demandait notamment un nouveau comptage des bulletins de vote dans la province du Haut-Ogooué. Dans ce fief familial de Bongo, le président sortant avait obtenu, selon les résultats de la commission électorale qui ont mis le feu aux poudres le 31 août, 95% des voix pour 99% de participation. Redoutant de nouvelles violences à l'annonce du verdict de la cour en cas de confirmation de la victoire de Bongo, de nombreux Gabonais s'étaient calfeutrés chez eux dès jeudi soir. Mercredi, l'exécutif avait mis en garde Jean Ping, l'avertissant qu'il serait arrêté s'il franchissait « la ligne rouge » dans l'hypothèse où il n'obtiendrait pas gain de cause en justice.