Au lendemain du discours traditionnel du Trône prononcé dimanche dernier par le roi Mohammed VI, exceptionnellement prononcé depuis Dakar pour montrer « tout l'intérêt » que son pays porte au continent africain et clamant la « marocanité du Sahara occidental », le gouvernement sahraoui a aussitôt réagi. Il a souligné lundi que l'Afrique n'avait pas besoin de l'expérience du Maroc dans « l'invasion, l'agression, l'expansion, la répression et les graves violations des droits de l'homme ». « L'Afrique n'a pas besoin de l'expérience du royaume qui bloque les résolutions et les efforts internationaux pour parvenir à une solution pacifique et juste, pour l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui », a indiqué le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dans un communiqué publié lundi. « Dans un nouveau défi à la légitimité internationale, avec un ton arrogant et imprudent, le roi du Maroc a dans un discours prononcé depuis la capitale sénégalaise, réitéré son intention de poursuivre son agression contre le peuple sahraoui et son intransigeance à l'égard de la volonté des peuples africains et de la communauté internationale dans la décolonisation de la dernière colonie en Afrique », a déploré le gouvernement sahraoui, rappelant que « le royaume du Maroc ne reconnaît pas les frontières internationales ». Le gouvernement sahraoui a condamné fermement « le contenu du discours colonial du roi du Maroc », soulignant que « le peuple sahraoui poursuivra sa lutte pour arracher sa liberté et son indépendance », d'après le texte. Il a lancé « un appel urgent à la communauté internationale, en particulier au Conseil de sécurité de l'ONU, pour faire pression sur le Maroc pour se conformer aux résolutions internationales concernant le Sahara occidental, mettant fin à l'occupation illégale, et aux provocations continues qui ajoutent plus d'instabilité et de tension dans la région », conclut le gouvernement de la RASD. Mohammed VI avait affirmé dans son discours que le Maroc veut « retrouver sa place naturelle » en Afrique. Ce discours, prononcé depuis Dakar, « traduit tout l'intérêt que nous portons à notre continent », avait-il souligné. Le royaume mène actuellement une offensive diplomatique sur le continent avec comme principal enjeu la question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole qu'il occupe depuis 1975. Mi-juillet, Mohammed VI avait souhaité intégrer au plus vite l'Union Africaine (UA). Cette question sera abordée lors du prochain sommet de l'UA, en janvier 2017 à Addis-Abeba. Rabat avait quitté en 1984, rappelle-t-on, l'ancienne organisation panafricaine l'OUA pour protester contre l'admission de la RASD. Cette dernière est devenue, en 2002, membre fondateur de l'UA.