Le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a affirmé, hier à Alger, que la situation des droits de l'homme en Algérie était «en amélioration constante», mais «insuffisante», ajoutant qu'aucun pays dans le monde ne peut prétendre la perfection en matière des droits de l'homme. «Je ne pense pas qu'il y ait en Algérie quelqu'un pour prétendre que la situation des droits de l'homme est exemplaire, mais force est de constater qu'elle est en amélioration constante et il faut poursuivre les efforts pour parvenir à cet objectif», a déclaré M. Brahimi en marge de sa distinction par la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH) qui lui a remis le Prix des droits de l'homme dans sa troisième édition. «Ce qui a été réalisé en Algérie depuis l'indépendance est une fierté pour tous les Algériens, mais l'Etat aussi bien que le citoyen doivent œuvrer à la promotion de ce volet», a ajouté M. Brahimi. Reprenant une citation du président cubain Raul Castro affirmant que la garantie des droits de l'homme nécessite pas moins de 62 critères, il a indiqué qu'«aucun pays dans le monde ne réunit toutes ces conditions». Evoquant l'action de la Cour pénale internationale (CPI), dont il a déploré le rôle réduit, M. Brahimi a réitéré sa foi en la justice internationale et rappelé son enthousiasme lors de la création de cette instance en 1992, ajoutant qu'aujourd'hui, il doute fortement de sa viabilité. Ce constat, il l'explique par le retrait des grands pays, comme la Chine, l'Inde, les Etats-Unis et la Russie. L'efficacité de la CPI est d'autant plus remise en cause que trois pays des cinq membres du Conseil de sécurité, détenant le droit de veto, ne font pas partie de la composante de cette instance internationale, a-t-il précisé. Pour M. Brahimi, la justice internationale doit revêtir un cachet universel applicable à tout un chacun. Cependant, a-t-il expliqué, des pays comme les Etats-Unis ont conclu des accords avec pas moins de 101 pays pour assurer la protection de leurs ressortissants ayant commis des crimes sur un territoire étranger, ce qui limite l'action de la CPI. Lakhdar Brahimi a été honoré pour son riche parcours diplomatique et «son engagement constant dans le règlement des conflits à travers sa quête permanente de moyens à même de favoriser le dialogue», ce qui fait de lui «un artisan de la paix» de premier rang. Né en 1934 à El Azizia (Médéa), Lakhdar Brahimi a rejoint le Front de libération nationale (FLN) alors qu'il était étudiant à Paris. Il était chargé de représenter le FLN dans la région sud-est de l'Asie durant cinq années. Après l'indépendance, M. Brahimi est devenu représentant permanent de l'Algérie auprès de la Ligue arabe, ensuite ambassadeur en Egypte, au Soudan et en Grande-Bretagne, puis conseiller diplomatique du président de la République. Il a occupé également le poste de ministre des Affaires étrangères de l'Algérie, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe et envoyé spécial de la tripartite de la Ligue arabe pour le Liban. Et c'est grâce à son talent de négociateur qu'il est parvenu à l'accord de Taif qui a mis fin à la guerre civile au Liban.