La 11e édition, rappelle-t-on, a été dédiée à la mémoire de la légende du malouf, Mohamed Tahar Fergani, récemment disparu. Sur scène, trois grandes figures sont venues représenter les trois écoles de ce prestigieux patrimoine lyrique qu'est l'andalou. Toufik Touati (malouf), Saoudi Nour-Eddine, le directeur de l'Opéra (Sanâa) et Brahim Hadj Kacem (gharnati), placés, à l'occasion, sous la direction du virtuose violoniste constantinois, Samir Boukridira, chef de l'Orchestre national de musique andalouse. Chacun à son tour, et dans son tempo propre, les trois cheikhs ont déroulé leur savoir-faire en interprétant des fresques musicales andalouses qui n'ont pas laissé insensible l'auditoire. Porte-voix du courant gharnati de Tlemcen, Brahim Hadj Kacem s'est brillamment fendu d'une litanie de vieux textes poétiques puisés à la fois dans les Mouachahates andalouses et le Melhoun maghrébin. Chanteur au timbre vocal fin à la tessiture large, il interprète dans les modes « Raml El Maya » et « Araq », « Ya Aâdili Billah » (Inqilab), « Abqaï Bes'lem » (Hawzi), « Sifet Echemaâ Wel Kendil » (Kh'lass) et « Bi Jah Tidjani » (M'dih). Avec sa voix de ténor, Noureddine Saoudi, qui a laissé, le temps d'une soirée, sa fonction de directeur de l'Opéra, a entonné dans le mode Sahli, des extraits de « Nouba Dziriya », « Rahti Chorb El Okkar » (Inqilab), et de conclure avec « Billahi ya Hamami » (Valse) et « Ana ya Berrani Gh'rib », dans un double hommage à Mohamed Tahar Fergani et au maître de la chanson chaâbie Amar Ezzahi, disparu le 30 novembre dernier à l'âge de 75 ans. Evoquant la séparation dans une pensée adressée à l'endroit du regretté monument du malouf, l'enfant terrible de l'antique Cirta, Toufik Touati, à la voix empreinte de puissance et de clarté, a choisi d'enchanter l'assistance avec quelques « Neçrafet » très applaudis dans le mode Mezmoum, alignant les pièces « Farakouni » et « Frak Gh'zali ». Après la projection d'un documentaire de 30 minutes retraçant le parcours exceptionnel de Mohamed Tahar Fergani, le ministre de la Culture, accompagné du commissaire du Festival, Aissa Rahmaoui, a rendu hommage à sa mémoire, remettant, sous les youyous et les applaudissements de l'assistance, le Trophée honorifique au chanteur Toufik Touati, chargé par la famille du défunt de la représenter. Un peu plus tôt, les juniors de l'Orchestre régional d'Alger, composé d'une sélection de jeunes éléments (14 instrumentistes et 13 musiciennes dont la moyenne d'âge varie entre 7 et 16 ans) issus de différentes associations de musique andalouse ont, sous la direction de Youcef Nouar présenté « Noubet Dil » au grand bonheur d'un public servi sur un plateau doré.