Elle s'explique dans la préface : « Dans les questionnements contemporains, la décolonisation des savoirs est une question qui mérite d'être pleinement et sérieusement traitée ». A travers cet ouvrage, l'auteure propose une introduction à « des démarches, des parcours, des travaux singuliers qui, chacun, à sa manière, opère une modification des façons de penser et de réfléchir et ont montré en cela leur fécondité ». Par cette approche, la philosophe donne un aperçu de l'importance et de la richesse de leurs apports dans l'histoire de la pensée contemporaine. Elle reprend, pour ce faire, des entretiens avec dix penseurs africains, dont de nombreux philosophes : Valentin Yves Mudimbe, Souleymane Bachir Diagne, Paulin Hountondji, Issiaka Prosper...Les entretiens, soutient-elle, sont une « médiation vraiment intéressante entre le public d'une part, les théoriciens et les philosophes d'autre part. Ils sont une forme particulière d'échange et un mode singulier de transmission ». « Certains entretiens sont restés des morceaux d'anthologie et sont finalement devenus des références majeures pour les lecteurs. Ils ouvrent des portes et permettent l'accès à des réflexions qui nécessitent, d'une manière ou d'une autre, une introduction » considère l'essayiste. Dans le dernier, effectué par Seloua Luste Boulbina avec Achille Mbembe, nommé « Penser par éclairs et par la foudre », l'auteure l'interroge sur son rapport à l'écriture et comment il envisage son travail. La langue dans la littérature L'auteure de « Critique de la raison nègre » répond en soulèvant la problématique d'une littérature sans écriture. « Pour moi, l'écriture consiste en la capacité d'exister dans une langue. L'on y rentre lorsque on parvient à faire vivre une pensée dans une langue et une langue dans une pensée », explique-t-elle. Il existe aujourd'hui beaucoup d'écrivains qui produisent un tas de textes, mais ils n'ont jamais pu véritablement accéder à l'écriture. Didactique, la publication s'adresse en premier chef, aux chercheurs et aux étudiants. Dans ce travail, Seloua Luste Boulbina rend un hommage particulier à l'histoire de la pensée contemporaine. Seloua Luste Boulbina est agrégée de philosophie et docteur en sciences politiques. Chercheure-associée à l'Université Paris VII (France), elle s'intéresse aux questions postcoloniales dans leurs dimensions politique et culturelle. Elle est responsable de séminaire au Collège international de philosophie et collabore dans diverses revues. Elle a dirigé le numéro 58 de la revue Rue Descartes (PUF, 2007) : « Réflexions sur la postcolonie ». Elle travaille également sur les arts visuels et a collaboré avec de nombreux artistes et Coline Lee-Toumson qui est la directrice artistique du festival Vibrations Caraïbes. Elle a à son actif divers livres comme : « L'Afrique et ses fantômes », « Les Arabes peuvent-ils parler ? », « Grands travaux à Paris », « Tocqueville sur l'esclavage », « Tocqueville sur l'Algérie ». Elle a également travaillé sur et avec des artistes et a collaboré à de nombreux catalogues d'exposition.