Photo : Mahdi I. Des enfants qui naissent et meurent dans l'anonymat. Tel est le sort réservé à de nombreux nouveau-nés alors que l'administration croule sous les demandes d'adoption. Cette situation a été dénoncée lors d'une conférence-débat organisée hier à Alger par l'Association algérienne enfance famille d'accueil bénévole (AAEFAB). Il faut dire que dans notre pays, l'adoption obéit à un parcours de combattant qui peut durer des années. Une situation que dénoncent Youcef Antri Bouzar et Farida Benabdellah, respectivement président de l'AAEFAB et secrétaire générale. Mais une fois l'enfant adopté, il ne peut porter le nom de sa nouvelle famille. Un travers que l'association veut éviter à ces enfants. Elle revendique la concordance des noms avec la mention makfoul. «Ce procédé permettra une meilleure intégration dans la société», estime Hocine Nia, membre du conseil des sages au sein de l'AAEFAB. L'objectif est d'éviter un deuxième traumatisme à l'enfant lorsqu'il découvre son vrai nom. «C'est un Ijtihad qu'on demande aux exégètes », souligne-t-il. Selon les statistiques du ministère de la Solidarité, entre 3000 et 5000 enfants naissent hors mariage chaque année. «Mais ces chiffres évoluent d'année en année », observe M. Antri Bouzar. Autre problème évoqué lors de cette rencontre : les enfants abandonnés et de surcroît handicapés. D'après Mme Bouabdellah, ils sont environ 10% dans les pouponnières. «L'AAEFAB ne peut les prendre correctement en charge vu qu'elle manque de personnel qualifié. En outre, cela perturbe les berceuses qui n'ont pas reçu une formation pour s'occuper des handicapés lourds », indique Hocine Nia. En plus, ces enfants doublement traumatisés ne sont pas pris en charge par l'Etat. Reconnaissant que le rôle de l'assistance sociale est primordial, une intervenante a déploré la fermeture de l'unique école en Algérie. Les autres qui sont toujours actives, dira-t-elle, sont déconsidérées alors qu'elles sont le socle de la solidarité. A propos d'enfants adoptés par des couples algériens établis à l'étranger, le président de l'AAEFAB a signalé qu'il faut qu'ils soumettent un dossier à la direction de l'action sociale.