Le thème de l'audiovisuel a été au centre des débats du forum du journal Echaab. Le sujet d'actualité a été abordé sous tous ses aspects par les participants à la rencontre.Face à plus de 1000 chaînes médiatiques étrangères, la télévision algérienne ne fait pas le poids», a estimé Ahmed Adimi, universitaire et journaliste. «Le débat national n'a pas lieu ici, en Algérie, mais ailleurs. Ce qui se passe actuellement dans notre pays, comme émeutes et protestations, n'est pas relevé sur nos plateaux de télévision. Or, ces Algériens qui protestent ont besoin d'interlocuteur capable de leur répondre d'une façon politique et sociale. D'où la nécessité d'ouvrir le champ audiovisuel. La sécurité nationale en dépend», explique-t-il. La télévision publique, constate-t-il, est incapable de débattre de l'actualité et, par conséquent, de répondre aux besoins des citoyens. Selon une étude, fait-il savoir, parmi les 20 millions d'Algériens qui ont moins de 20 ans, la moitié n'ont jamais regardé la télévision algérienne tandis que l'autre n'a jamais regardé le journal télévisé de 20h. «Ce qui attire le public algérien dans les chaînes de télévision étrangères, ce ne sont pas les programmes qu'elles proposent mais les espaces de débat qui font défaut à notre télévision. Cette dernière, il faut le dire, n'ouvre pas le champ à tout le monde, et est pratiquement sélective. Nos symboles politiques nationaux y sont quasiment absents. Certes, nous pouvons ne pas être d'accord avec Ben Bella ou Aït Ahmed par exemple, mais ce sont des symboles qu'il faut présenter à la nouvelle génération. Un public qu'il faut orienter, éveiller sur ce qui se passe chez lui au lieu de le pousser à ne se pencher que sur ce qui se passe ailleurs», souligne-t-il. La sécurité nationale, affirme-t-il, ce n'est pas seulement une affaire de l'armée ou des institutions sécuritaires mais aussi et surtout l'affaire de tout le peuple algérien. «Quand le citoyen n'est pas conscient des dangers qui l'entourent, dans sa société et dans ses frontières, il rend son pays en danger et même l'armée n'y peut rien. L'ouverture du champ médiatique permet justement la prise de conscience chez le citoyen. Le pouvoir politique qui n'affiche pas encore une réelle volonté claire de permettre cette ouverture, doit prendre en considération ce facteur au moment où l'Europe qualifie le contrôle des médias comme élément principal de la stratégie de domination», dit-il en signalant que dans le dernier discours du président de la République, une ouverture médiatique a bien été citée mais toujours dans le cadre public. «Ce qui nous fait défaut surtout, c'est une stratégie pour la reconstruction de la citoyenneté algérienne et cela n'est nullement lié à une question de budget. C'est une stratégie dont la mise en place dépend exclusivement d'une décision politique», fait-il remarquer. Par ailleurs, assure, pour sa part, Boualem Aissaoui, producteur et cinéaste, «l'ouverture du champ médiatique nécessite une expertise tout d'abord et une réforme ensuite, engagées par les experts», conclut-il.