Qui dit Tlemcen dit Sidi Boumediène. Il n'y a pas un seul visiteur qui passe par cette ville sans qu'il ne marque une halte au mausolée de ce saint homme vénéré depuis des siècles par les Zianides. Sa renommée attire de plus en plus de visiteurs et particulièrement les femmes et les jeunes filles qui s'y rendent pour se recueillir, allumer une bougie, se désaltérer de l'eau de source tout en laissant une pièce symbolique en retour de la «baraka» du cheikh. L'entrée de ce magnifique édifice alimente l'imagination de celle ou celui qui s'y rend pour la première fois. Les célibataires en quête de l'âme sœur frappent sept fois sur la porte avant de passer le seuil du palais du saint patron. Un geste mythique pour attirer la chance et le bon parti. Une fois à l'intérieur, un long couloir mène à un passage étroit où se trouvent trois marches menant directement à la salle de recueillement. C'est ici que se trouve le tombeau de Sidi Boumediène recouvert d'un tissage en velours vert sur lequel une calligraphie dorée est parfaitement imprimée. Protégé par un paravent en bois verni et soigneusement sculpté, le mausolée impose silence et recueillement sur celui qui fait toute la splendeur de Tlemcen, ville où l'on savoure toute la richesse des sites et monuments. Situé dans le domaine d'El Eubad, le site de Sidi Boumediène revêt un caractère sacré qui incite les fidèles à marquer leur passage par une prière au sein de la mosquée où s'élève cette charmante Médina aux grands monuments : la kouba de Sidi Boumediène, sa mosquée et sa medrassa dont la notoriété revient à Ibn Khaldoun qui a enseigné dans cet édifice transformé en musée où sont renfermés divers manuscrits berbères et ch'loh de la région. Né en 1126 à Cantillana, près de Séville, Medien Chouaïb s'est instruit dans la doctrine soufie par Abdoulhassan Ibn Harzihim et Abou Abdallah Daqqaq. C'est dans les montagnes de l'Atlas qu'il alla demander l'initiation mystique à l'ascète berbère Abou Ya'za. Allant en pèlerinage à La Mecque, il fit une halte à El-Eubbad, une banlieue de Tlemcen où il enseigna la théologie et la science mystique. Il rendit l'âme à El-Eubbad le 13 novembre 1197. Ainsi, le domaine d'El Eubad et particulièrement la kouba de Sidi Boumediène abrite d'autres saints patrons, soit de grands savants enterrés au sein du mausolée Sidi Boumediène qui reste l'un des monuments les plus visités de Tlemcen, ville aux mille et un joyaux architecturaux au pur style andalou.