Avec l'arrivée de l'été, c'est toute la culture qui est en effervescence. Dans le noueau carousel des arts, la procession des festivals à leur tête celui de Timgad, promet un torride show international. Les retrouvailles avec les stars maghrébines et orientales, nous feront remonter le temps dans un melting pot où se croisent tous les courants musicaux. Dans ce grand maelstroem se confondent le profane et le spirituel. Une véritable explosion artistique, partant du rite conservateur d'Ibn El Arabi le catalyseur d'une profonde philosophie, venu battre en brêche les veilles pratiques paiennes et la rigueur figée d'une vision extremiste surla musique. Au delà des obstacles dressées par des tabous extracultuels, le théâtre a pris le pas sur le charlantisme pour devenir un centre de rayonnement de la culture marqué par l'avènement du Diwan, à travers lequel se lisent les écarts sementiques sur la renaissance. L'une des plus préstigieuses écoles d'El Hamel prêchant le Diwan continue de provoquer un très fort engouement. Le vénèré M'halmed Ben Hamel, fondateur de cette institution théologique au XIe siècle a réussi à instaurer la communion des sages. l'histoire de ce qotb, s'est développée à Mazouna et Yellel : Le maître de cérèmonie, majestueux au milieu du cercle attentif de son public parlait à ses habitués. Il commençait à connaître certains assidus. Il se sentait à l'aise sous cette multitude de yeux bienveillants et dociles, enveloppé de ces regards respectueux et attentifs, il se concevait “Maalem” face à ses disciples dans ce grand fief des Tolbas... Cette institution théologique qui date de 1878, abrite la tariqa, la confrérie des Rahmanis ”Celui qu'on surnomme El Kamel (le parfait) était un qotb, un pôle... Les gens du Gharb, respectueux des «aoulias essalihines» sont empreints d'une soumission dévote à une puissance qu'ils connaissaient et dont ils voyaient les preuves plusieurs fois par an lors de ces rencontres, auxquelles ils leur arrivait d'assister. Les adeptes du medh par leurs pratiques mystérieuses, par leur musique envoûtante, leur efficacité contre les maux sociaux. Tout cela cadre mal avec les pratiques diwanistes. Ses disciples ont élaboré plusieurs hizeb, lithurgies dont celui de Sidi Mhamed Ben Slimane El Djazouli, le "soubhane eddaïm la yazoul". C'est une suite de récitations qui évoquent tous les grands soufis du monde musulman, invoquant Le Tout-Puissant et les cinq Prophètes, qui en appellent à des centaines de nabi, saints. Lorsqu'on veut réciter le hizeb, on place au milieu des récipients contenant de l'eau du robinet ou du puits, on se réunit à plusieurs, car la récitation est longue, elle dure plus d'une heure, elle doit être soutenue, déterminée et sans défaillance, car elle convoque aussi les djinns, les anges, et leur ordonne une contribution. Une fois la récitation terminée, l'eau est devenue ma el hizeb, l'eau de la récitation. Cette eau, est paraît-il le meilleur antidotede à toutes les morsures et à tous les venins ou poisons connus et inconnus. Certains ont déjà témoigné du pouvoir de cette eau, à l'immunité qu'elle insuffle, une fois bue par le patient; on doit aussi la passer sur l'endroit supposé de la plaie. Les Salihines commencent toujours leur hadra, rituel, par des chants demandant l'hospitalité et la bienveillance de tous les oualis ou de leurs mqams locaux. Chacun à sa chanson avec son rythme et ses paroles le glorifiant. Ensuite ils évoquent leur maître, maître de tous les autres, le Parfait maître de Diwan.