Photo : Slimen S.A. Les travailleurs de l'Entreprise de transport urbain et suburbain de l'algérois (ETUSA), qui ont entamé le 17 du mois en cours une grève de la faim au siège de la direction de l'entreprise, à Alger, revendiquent une commission d'enquête de haut niveau pour examiner les «dépassements» qui se produisent au sein de l'entreprise «en complicité avec l'Union locale de l'UGTA». Hier, deux d'entre eux ont été évacués d'urgence à l'hôpital. D'après eux, les 5 sections syndicales récemment élues ne l'ont pas été conformément à la loi 90/14 et l'article 05 de la Convention collective du fait que certains syndicalistes cumulent plusieurs fonctions et occupent des postes de responsabilité. «Ils se succèdent à eux-mêmes au syndicat depuis plus de 20 ans. Ils veulent rester pour profiter des privilèges que leur alloue la direction. Ils partent en mission hors wilayas aux frais de l'entreprise, ils occupent des postent de responsabilité et ils recrutent des membres de leurs familles», indiquent les grévistes. Comme preuve, ils exhibent une copie d'un ordre de mission du SG du syndicat dans lequel ce dernier a été autorisé, en 2008, à utiliser un véhicule de service, à travers plusieurs wilayas pendant un mois. Le SG a été accompagné de deux agents de l'entreprise. Sur le document, il est même porté la mention «peut-être accompagné par sa famille». Selon eux, le SG avait utilisé des agents (maçons) et le véhicule dans la construction de sa maison dans sa ville natale. Les protestataires affirment qu'avant l'élection, ils avaient dénoncé ce syndicat auprès de la centrale syndicale ainsi que le ministère des Transports, par un courrier et une pétition signée par plus de 500 travailleurs exerçant à l'ETUSA. Ils affirment aussi qu'ils sont 22 à mener une grève de la faim au nom des travailleurs qui aspirent à ce que le droit syndical soit consacré pour tous les travailleurs sans exception. En plus de l'affaire du syndicat, ils demandent une autre commission d'enquête sur la gestion des œuvres sociales. Ils revendiquent, également, la dissolution du Comité de participation (CP), l'augmentation des salaires de l'ordre de 25% avec effet rétroactif à partir de janvier 2008, l'application du SNMG à 15 000 DA, la régularisation de tous les contractuels, le versement des collectes du départ à la retraite et du décès cumulées depuis 3 ans et l'indemnisation des familles des victimes de terrorisme qu'on fait attendre en dépit du versement de ces sommes dans le compte de l'ETUSA. LE SYNDICAT : «CE SONT DES PERTURBATEURS» Cependant, l'administration de l'entreprise et les syndicalistes ont une tout autre version des faits. Selon le directeur général de l'administration, M. Charef, l'élection des sections syndicales s'est déroulée dans la transparence sous la houlette des représentants de l'UGTA. Pour sa part, le SG du syndicat affirme qu'il défend les droits des travailleurs depuis 31 ans, raison pour laquelle il a été réélu sans que les membres de sa famille qui travaillent au sein de l'entreprise ne soient dans la section dans laquelle il a été élu. Les représentants des élus dans les 5 sections appellent les travailleurs qui les ont nouvellement élus dans une grande majorité à dénoncer les agissements de «certains perturbateurs» ayant un esprit de vengeance et qui veulent déstabiliser l'entreprise à des fins personnelles. Ils rappellent que les grévistes se sont présentés aux élections et qu'ils n'ont pas été élus (sauf un). La plupart d'entre eux ont été licenciés en 1998 et récupérés après le rétablissement financier de l'entreprise. «Ces derniers partent bientôt à la retraite. Ils pensent qu'ils n'ont rien à perdre alors ils se vengent», expliquent les syndicalistes qui soulignent que les protestataires ne sont que 18 et que leur mouvement n'est qu'une pseudo grève de la faim qu'ils ne respectent même pas. Enfin, les nouveaux élus annoncent qu'ils revendiquent eux aussi la révision des nomenclatures de postes et de la convention de branches, de la gestion des œuvres sociales et la régularisation des contractuels. Cette dernière revendication est acquise à 80%, a affirmé l'un des syndicalistes.