Il faut dire comme l'entend un vieillard présent dans la salle «n'étaient ses cheveux blancs comme les miens, je vous aurais dit que c'est le même Yahiatène que j'ai vu pour la première fois chanter dans un café à Paris». C'est dire que le chanteur, malgré le poids des ans, est resté égal à lui-même. Une fois de plus, l'annonce de son spectacle a pratiquement «ameuté» toute la Kabylie, au point où les responsables de la Maison de la culture ont été contraints de renvoyer gentiment les derniers arrivés venus assister à ce spectacle. La salle était pleine comme un œuf, une demi-heure à peine après l'ouverture des guichets. Un public, toutes générations confondues, est resté accroché aux lèvres et au luth de l'artiste durant toute la soirée. Un directeur de wilaya dira à son sujet : «Yahiatène, c'est comme Sardou, il draine des fans de 7 à 77 ans, voire plus. Comme vous le voyez vous-même, avec toutes ces vieilles et ces vieux qui sont dans la salle et qui, malgré leur âge avancé, se délectent encore de ce vieux briscard de la chanson algérienne.» En effet, Yahiatène, dans une totale osmose avec ses admirateurs, a répondu à toutes les sollicitations de la salle. Avec en plus cet humour légendaire qu'on lui connaît, qui atteste que le chanteur est resté égal à lui-même, en arrêtant de chanter un moment. Ce qui ne manquera pas de surprendre son auditoire plongé pourtant dans une ambiance festive. La raison de l'emportement subit de l'artiste est la présence de la caméra de nos confrères de la Chaîne 4 de l'ENTV. Car le chanteur avait refusé d'être filmé sur scène. Et de nous expliquer ce refus à l'issue du gala : «L'ENTV n'accorde aucun intérêt aux artistes algériens pendant qu'on ouvre grandes les portes des studios aux artistes étrangers. C'est pourquoi je refuse que je sois filmé par ses caméras.» Passé cet incident, Yahiatène reprendra son micro avec le même enthousiasme. Il rendra un vibrant hommage à Dahmane El Harrachi, en exécutant deux de ses chansons. Non sans cette empreinte nostalgique, relevée par un répertoire que le temps n'a point altéré. «Je ne me lasserai jamais de l'écouter», lance cette vieille femme pour qui Yahiatène reste un grand chanteur, aux côtés de Cherif Kheddam. Et d'ajouter : «Dans les chansons de Yahiatène, chacun de nous retrouve un peu de son vécu.» Avec ses grands classiques et mythiques morceaux comme «El Menfi», «Jahagh bezzaf», «Dha Meziane», «Atharoumane» et «Akham», le dernier morceau de ce spectacle, Akli Yahiatène a offert à son public une soirée tout simplement inoubliable. Et ce n'est pas encore fini, puisque après les youyous qui ont consacré ce final à l'artiste, il est fait cette prière dans la salle : «Que Dieu Te prête longue vie pour que tu continues à nous donner toujours de la joie».