Les prix du pétrole commencent à afficher un niveau satisfaisant (plus de 78 dollars) quelques jours après la tenue de la rencontre ministérielle de l'Opep à Luanda. Celle-ci avait, rappelons-le, opté pour le statu quo, ce qui avait donné un bon signe de détermination des pays producteurs à défendre un prix juste et rémunérateur. Le baril gagne même des bonds de quelques dollars, ce qui le rapproche du prix de référence défendu par l'Opep. Bien que l'on s'attende à une reprise à partir de 2010, les hausses constatées aujourd'hui sont dopées aussi par les phénomènes conjoncturels, saisonniers. La situation exceptionnelle de froid qui touche plusieurs régions du monde influe sur le niveau de consommation. Ainsi, on l'a constaté, cela s'est répercuté par une baisse des réserves pétrolières américaines qui viennent d'accuser une chute d'une ampleur surprenante. Les Etats-Unis sont les premiers pays consommateurs d'or noir dans le monde, ce qui leur donne un poids dans la détermination de la demande et des prix. La chute atteint cette semaine 4,9 millions de barils pour le brut, presque cinq fois plus qu'attendu, et 3,1 millions pour les produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage), deux fois plus qu'anticipé, affirment les spécialistes En outre, les stocks d'essence ont connu une baisse inattendue de 900.000 barils. Le baril avait déjà bondi de plus de deux dollars mercredi en réaction à ces chiffres. A ce phénomène s'ajoute celui de la bonne tenue de la bourse de New York dont les indices ont fini «au plus haut niveau depuis l'automne 2008», ajoutent ces analystes La bourse sert d'indicateur pour «évaluer les perspectives économiques», dit-on, ce qui lui donne un surcroît de fiabilité. Les pays pétroliers qui affichent déjà une satisfaction, sur la fourchette des prix, ont les yeux rivés sur la relance de certains projets gelés, à l'image du Koweït et de l'Angola, deux pays membres de l'Opep. Cette relance, qui n'aura de répercussion qu'à l'entrée en production, sera un nouveau défi dans la répartition des quotas. L'Opep continue d'observer depuis une année une attitude de prudence refusant de céder à la tentation de certains pays de pomper davantage les appelant à observer leurs quotas même s'il n'est pas sûr qu'ils soient respectés. Le ciel n'est pas encore dégagé», disent les responsables de l'Opep, leurs arguments se fondent sur la fragilité de la reprise économique mondiale, la contraction de la production industrielle, la faible consommation et un chômage élevé. Ainsi, l'abondance de l'offre pétrolière et la fragilité de la demande risquent toujours d'entraîner les prix à la baisse De plus, il faudrait compter avec ces stocks de brut qui atteignent des niveaux historiquement élevés dans les pays riches. 55 millions de barils de brut et 98 millions de barils de produits pétroliers s'entassent par ailleurs dans des bateaux à l'ancre, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Pour les pays de l'Opep, l'inquiétude est de mise, les réserves «sont un peu élevées», observe son secrétaire général. Le travail de l'Opep consiste par un maintien des quotas à «les ramener à des niveaux raisonnables», dit-il. Contrairement à une idée reçue, la stabilisation des cours n'est pas une mauvaise chose pour le marché, elle permet de relancer les investissements pétroliers et donc un approvisionnement régulier. La baisse des prix aurait remis aux calendes grecques les projets de prospection et d'exploitation de nouveaux gisements. Les prix sont tombés à quelque 32 dollars, il y a un an, aujourd'hui, ils évoluent depuis plusieurs mois entre 70 et 80 dollars, un niveau jugé satisfaisant par les producteurs. L'Opep a dû ajourner, en raison de la chute des cours en 2008, 35 projets pétroliers.