Le réalisateur Merzak Allouache a eu le vent en poupe pour aller suivre la péripétie de dix harragas entassés dans une embarcation de fortune. Dans un long métrage présenté en avant-première à Alger, la triste problématique des harragas est mise encore une fois en exergue avec cette fois-ci des personnages bigarrées de quatre jeunes dont une fille du nord et cinq autres venus du sud qui tentent l'aventure clandestine pour atteindre l'Eldorado. La mal vie, le chômage et l'oisiveté de ces jeunes suscitent en eux le désir de quitter le pays en pensant retrouver enfin "le paradis" sur la rive nord de la Méditerranée. Un rêve ambitieux qui les pousse à braver tous les interdits et à se jeter dans la gueule du loup sans s'en rendre compte. L'essentiel pour ces jeunes est de changer de vie et surtout de pouvoir se sentir exister. Les moments forts de ce long métrage interviennent dans la présence d'un ripou armé à la tête des clandestins qui finit par déclencher une violente bagarre avec les candidats au naufrage. La rixe prend de l'ampleur et les deux personnes se noient, sous les regards hagards et impuissants des autres passagers. La traversée ni se termine qu'avec huit candidats à l'émigration sur la barque... A leur surprise, elle est dépourvue de rames. Trois d'entre eux, dont une fille, décident d'achever leur aventure à la nage, tandis que les jeunes du Sahara, qui n'ont jamais vu la mer de leur vie, décident de patienter encore, peut-être qu'un bateau de passage les aidera. L'histoire du film, qui touche un crucial phénomène social, présente cette indifférence, sans état d'âme des personnages pour illustrer l'absence de sentiments chez les harragas, en errance à la recherche d'une rive d'attache. Tous les ingrédients d'un thriller en mer ont été réunis par Merzak Allouache : la peur, le désespoir et le désarroi poussant les jeunes harragas à quitter leur pays. «J'essaye toujours de traiter dans mes films des sujets actuels. Le phénomène des harragas est grave. Il faut en parler et en débattre. Le 7e art ne contribue pas à trouver des solutions, mais il apporte plutôt des témoignages sur des faits réels vécus» a-t-il déclaré. Rappelons que le film «Harragas» a décroché, avant même sa sortie dans les salles, des prix dans des festivals internationaux. Sa sortie en France est prévue pour le 24 février.