La compétitivité est la condition de l'économie de marché. Dans le contexte de l'ouverture qu'induit l'économie libre et libérale, la compétitivité n'implique pas seulement des enjeux de suprématie et de performance, mais également et surtout des enjeux de survie qu'il faut multiplier par autant d'entreprises où cette question demeure problématique, pour arriver en fin de compte à situer ces mêmes enjeux sur le plan de l'ensemble de l'économie d'un pays. Car la mise en échec d'une entreprise via une insoutenable concurrence, et la mise à mal de ce qui fonde même sa viabilité, devient très dangereux quand il n'est inhérent uniquement à cette entreprise, mais également, et de manière structurelle, à l'ensemble du tissu économique. C'est en cela que l'absence structurelle de compétitivité constitue une menace pour toute économie obligée de s'ouvrir avant d'avoir pu se prémunir en se dotant d'une bonne dose d'immunité contre la concurrence. Et ce sont ces enjeux bien compris que l'Algérie a intégrés en entamant sa marche forcée vers le développement économique et social, qui sont la finalité de tout effort financier et humain, et qui ont besoin de se fixer des repères de performance économique. La compétitivité est autant un vocable difficile à dire qu'elle est un objectif difficile à atteindre. Car sa réalité recouvre tout un processus complexe de réflexion, de création, de conception, d'engineering, d'optimisation, de communication, de distribution et d'autant d'actes et d'actions qui viennent se compléter dans le cadre d'une stratégie où chaque décision anticipe celle qui suit, jusqu'au résultat final : la récolte du fruit de la compétitivité, autrement dit le succès ou encore, dans un contexte économique plus dramatique, un sursis. On a une très belle idée, on la met en application et, de ce fait, naît un produit dont l'originalité lui assure un bel avenir. On se lance alors dans la production et dans cet élan fougueux vers la gloire, on oublie les gestes salvateurs qui assurent compétitivité et longévité à un produit destiné à se vendre et à être concurrencé. On oublie son ergonomie, son design, son coût final, ses affinités esthétiques avec le public auquel il s'adresse. On omet de lui ménager une campagne de lancement qui lui donne la notoriété qu'il mérite et on omet, au préalable, d'assurer au produit un réseau de distribution qui le rende accessible partout… Omettre toutes ces choses ou même une partie, c'est perdre de vue, assurément, la nécessité d'initier une équipe de veille stratégique qui se penche sur l'impact du produit sur son marché et sur la concurrence, et qui mobilise la réflexion en vue de la préparation d'un deuxième cycle de vie pour le produit, afin de lui assurer, toujours, une longueur d'avance. Avec toutes ces carences, même l'œuvre la plus géniale est vouée à être hors compétition.